Togo : ce que cache l’affaire Le Floch-Prigent et Pascal Bodjona

D’un point de vue stratégique, le Togo est considéré comme la pointe de la flèche de la sécurisation du golfe de Guinée, notamment avec la recrudescence des actes de piraterie de ces derniers mois.  Le pays est très sollicité pour apporter son concours à la stabilisation de la région, et a même reçu la visite de la secrétaire d’Etat US Hillary Clinton au début de l’année, gage de l’importance de ce petit pays pour l’oncle Sam.

En effet, outre le fait que le Togo occupe un siège de membre non-permanent au conseil de sécurité de l’ONU cette année, le pays est également considéré comme un point d’ancrage de la lutte anti-trafic de stupéfiants en Afrique de l’Ouest. C’est dans ce contexte particulier que se noue  un nouveau feuilleton judiciaire qui défraie la chronique à Lomé, cristallisant « pro » et « anti » Pascal Bodjona , du nom de cet ancien ministre écroué depuis début septembre pour tentative d’escroquerie aux dépends d’investisseurs internationaux. L’affaire prend un tour nouveau et particulier ce dimanche soir, avec l’arrestation de l’ancien patron d’Elf Aquitaine, Loïck Le Floch-Prigent, à Abidjan en Côte d’ivoire comme l’a annoncé dans ses colonnes le journal le Figaro , puis son extradition vers Lomé. Les charges semblent en effet suffisamment graves pour que l’homme d’affaires français-sous le coup d’un mandat d’arrêt international- soit extradé vers le Togo avec cette vitesse. Car en creux de cette arrestation de l’ancien grand patron français, se profile la fin du parcours politique de son complice présumé, Pascal Bodjona, l’une des figures togolaises des dix dernières années. Tour à tour ambassadeur aux Etats Unis, directeur de cabinet du Président de la République Faure Gnassingbé,  puis ministre des collectivités territoriales, c’est un personnage très influent, qui aura été particulièrement exposé et dont le rôle dans certaines grandes affaires togolaises de la décennie passée reste entourée d’un épais halo de mystère. C’est dire que la chute de Bodjona attise les passions, surtout que l’homme aurait amassé une fortune substantielle  qui lui permettrait aujourd’hui d’acheter soutiens et relais dans la presse locale , ce qui contribue à diviser encore plus l’opinion publique Togolaise . « Depuis l’arrestation de Bodjona, tous les proches du Président  Faure Gnassingbé- même ceux n’ayant rien à voir avec l’affaire- sont systématiquement passés « au lance -flammes» par la presse locale achetée par les relais du ministre déchu », confie ce diplomate occidental en poste à Lomé.

Une fortune aux origines mystérieuses

Or, c’est précisément l’origine de la fortune de Bodjona qui semble aujourd’hui avoir précipité sa chute, puisque l’homme se retrouve  au coeur d’une affaire de détournements de fonds d’investisseurs de pays du golfe qui agite le Togo depuis de longs mois, et dans laquelle Loïck Le Floch-Prigent aurait joué un rôle, d’où son arrestation et son extradition de ce soir. En cause ? Le détournement supposé de près de cinquante millions de dollars par plusieurs protagonistes, dont aurait été victime un businessman  émirati du nom de Abbas Youssef. Ce personnage haut en couleurs aurait été escroqué notamment par un homme d’affaire togolais du nom de Sow Bertin Agba, lui aussi emprisonné depuis le printemps dernier. Patron de la société « OPS Sécurité », Sow Bertin Agba etait une figure bien connue du business togolais durant les années où le pays était gouverné par le général Eyadéma. Or, c’est par l’entremise de cet homme d’affaires, originaire de la même région que lui, que le ministre Bodjona se serait mis en relation avec Abbas Youssef, lequel affirme aujourd’hui avoir été spolié par les deux hommes, avec le concours de Le Floch-Prigent.  L’affaire, qui comporte de nombreuses zones d’ombres recèle certains contours inattendus, comme la tentative présumée d’appropriation frauduleuse de l’héritage du Président ivoirien assassiné Robert Gueï, pour lesquels Abbas Youssef aurait avancé plusieurs millions de dollars. C’est sur ce volet « mirifique » de l’affaire que le ministre Bodjona serait intervenu, subtilisant au passage des fonds libérés par Abbas Youssef. Curieusement, l’opposition togolaise, qui ne se privait pas de conspuer Bodjona du temps ou il était aux affaires – l’homme était accusé , entre autre, d’orchestrer la torture des opposants-  semble se ranger derrière l’ancien ministre , dans une de ces volte-face dont la politique africaine est la seule à avoir le secret .

Néanmoins, l’affaire n’a semble t-il pas livré tous ses secrets, et la justice togolaise- qui est attendue au tournant sur cette affaire- semble déterminée à éviter d’agir sous la pression. Malgré la cristallisation des soutiens de Bodjona qui accompagnent de leur présence importante et visible chaque audition par le tribunal de leur « champion » déchu, les juges semblent vouloir afficher leur fermeté en jugeant Bodjona comme n’importe quel autre justiciable togolais.  Avec l’arrestation de Le Floch-Prigent, les observateurs notent de plus que l’ « affaire » prend une dimension plus internationale, ce qui devrait pousser la justice togolaise à encore plus de prudence.

Andreï Touabovitch

6 thoughts on “Togo : ce que cache l’affaire Le Floch-Prigent et Pascal Bodjona

  1. c’est du comedie ts ces histoire il serait preferable pour bodjona de bien reflechir sr sa personnalitee sinon il pourira en cacha

  2. Moi je connais bien Bodjona, c’ est un tricheur de naissance. Le Hacm a ete cree par Akade et certains etudiants tres intelligents qui aujourdHui sont partiellement morts ou en europe. (Notez que Akade est mort aussi). Pour continuer Bodjona le tricheur de la facutle de droit recupere le hacam et use de sa proximite d’ eyadema pour se fair de l’ argent en creant parallement un groupe de tonmog avec Attake un handicape. Lis ont sue ecarter les vrais fondateurr du Hacame qui avait l’ ideal de paix. Le reste on le sait. Aujourdhui son passe l’ arattrapé. Je souhaite du courage `a faure, je le conseille d`etre ferme mais de ne plus se representer aux elections. A bon entendeur SALUT. Agbavi

  3. au togo le ridicule ne tue pas.pourquoi tant de lamentation sur le sort d’un assasin.les togolais ont une mémoire tres courte les gens ont deja oublié ce que ce monsieur a fait subir au peuple togolais .il y a cette phrase que moi je ne vais jamais oublier je cite « nous allons voir s ils peuvent resister jusqu’au soir »mardi14 MARS 2005.ils n’ont qu’a se tuer entre eux

  4. Hmmmm ds cette affaire Faure finira par perdre tt, puisque ces propres bras droits finissent par etre emprisonnés, il perd bcp de soutiens au nord du togo, et je ss persuadé qu’il sera renversé.Il doit etre vigilent, et intelligent ds cette affaire puisque perdre quelqu’un comme Bodjona Pascal et Kpatcha Gnass c’est de trop. Alors l’avenir ns le dira plus.

    1. Ce qui est vraiment dommage dans cette affaire, c’est chaque jour que Dieu fait, des togolais pillent le pays au détriment des pauvres et laborieuses populations, et ce dans l’indifférence absolue de cette prétendue justice togolaise. Pendant le même moment, un citoyen togolais est arrêté de façon rocambolesque pour avoir soit disant escroqué un escrot international de la dernière espèce. Honte à cette justice togolaise aux ordres de Faure et de ses soutiens américains!!!!!!!!!!!!

  5. Cette affaire est mystérieuse et n’a pas fini d’étonner les togolais. Comment un riche arabe arrive til à se faire voler plus de 500 milliards de FCFA sans se rendre compte qu’il ya une escroquerie au bout? on serait naîf de penser qu’il s’agit juste d’investissement

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