Human Rights Watch présente son rapport annuel très critique sur les droits de l’Homme en Chine

Depuis New York, Kenneth Roth, le directeur exécutif de l’ONG de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, a présenté le rapport annuel de son organisation, dénonçant les pratiques du gouvernement chinois, et accusant les démocraties occidentales, l’Union européenne et les Nations unies d’inaction, voire de complicité avec Pékin.

Dans son rapport annuel de 650 pages qui couvre une centaine de pays, l’ONG dénonce « un Etat policier orwellien high-tech et un système sophistiqué de censure de l’internet pour surveiller et supprimer les critiques publiques », ainsi que « le système cauchemardesque » de répression instauré contre les musulmans du Xinjiang.

Mais Human Rights Watch accuse aussi des gouvernements, des entreprises et des universités de se taire plutôt que de risquer de perdre l’accès à l’immense marché chinois. Occupée par le Brexit et les questions des Etats membres nationalistes et des migrants, l’Union européenne est accusée de ne plus défendre les droits humains comme avant.

Les dirigeants de l’ONU, où Pékin fait tout pour éviter que la situation au Xinjiang ne soit discutée, sont aussi pointés du doigt. Kenneth Roth reproche notamment au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres de ne pas avoir voulu « demander publiquement que la Chine mette fin à l’emprisonnement massif de musulmans » au Xinjiang.

Enfin, Human Rights Watch estime que le gouvernement chinois profite de sa puissance économique pour attaquer avec une intensité inédite le système international de protection des droits humains. Pékin est notamment accusé d’investir dans divers pays d’Asie du Sud-Est, d’Asie orientale et d’Afrique pour s’acheter en contrepartie des votes qui lui garantissent la majorité à l’ONU.

Human Rights Watch appelle les démocraties à s’unir pour contrer les efforts anti-droits humains de Pékin, en gelant notamment les comptes bancaires à l’étranger de tous les responsables impliqués dans la répression au Xinjiang et à conditionner toute visite d’Etat de dirigeants chinois à « de véritables progrès en matière de droits humains ».

Kennetth Roth avait espéré présenter ce rapport cinglant vis-à-vis de Pékin depuis Hong Kong. Mais, « pour la première fois », il a été interdit d’entrée dimanche dans l’ex-colonie britannique, au prétexte que l’ONG y encourage le mouvement pro-démocratie qui l’agite depuis sept mois et qui dénonce une ingérence croissante de Pékin dans les affaires de l’e-colonie britannique.

Andreï Touabovitch