La conférence de Marrakech approuve le Pacte mondial pour les migrations

Le Pacte mondial sur les migrations procède d’une démarche qui doit permettre d’aider non seulement les migrantes et les migrants, mais aussi les communautés d’origine et d’accueil, a indiqué ce lundi 10 décembre à Marrakech, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

S’exprimant lors de l’ouverture de la Conférence intergouvernementale pour l’adoption du Pacte mondial sur les migrations (10-11 décembre), M. Guterres a relevé que le Pacte reconnait l’importance, du point de vue du développement, des envois de fonds, notant que les sommes envoyées par les migrants chez eux représentent le triple du montant de l’aide publique au développement, et ce même si c’est dans leurs nouvelles communautés que les migrants dépensent 85 % de ce qu’ils gagnent.

« Le Pacte insiste sur la nécessité de proposer davantage de filières légales permettant d’avoir accès aux pays, aux entreprises et aux marchés du travail qui ont besoin de ressources humaines », a précisé le Secrétaire général, estimant que c’est grâce à ces filières légales qu’il sera possible de lutter plus efficacement contre le trafic et l’exploitation.

Par ailleurs, M. Guterres a noté que le Pacte propose également un cadre de réflexion sur les stratégies d’appui au développement dans les pays d’origine, la migration devant être un acte de choix et jamais de désespoir.

Pour le responsable onusien, le Pacte de Marrakech vient faire entendre les voix des femmes et des filles, qui sont particulièrement vulnérables et représentent près de la moitié des 260 millions de migrants à travers le monde, tout en offrant un cadre pour mieux se préparer à des problèmes imminents, notamment les mouvements de population aggravés par les changements climatiques.

Plus de 80% des déplacements entre les pays se fait de façon légale. Pour la migration clandestine, plus de 60.000 sont morts pendant leur périple depuis 2000, selon les chiffres de l’ONU.

Ce document trouve son socle dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a fait savoir M. Guterres, rappelant que les principes et les normes universellement reconnus, y compris la souveraineté de l’État, y sont réaffirmés.

Dans le cadre de leur nouveau Réseau, les organismes des Nations Unies, et en particulier l’Organisation internationale pour les migrations, s’efforceront d’appuyer au mieux les États membres, a-t-il dit.

La première journée de la conférence intergouvernementale sur la migration est marquée par l’adoption formelle du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

M.Guterres a encore dénoncé les « nombreux mensonges » sur ce pacte qui a soulevé de vives critiques de la part des partisans de la fermeture des frontières, jusqu’à faire éclater la coalition gouvernementale en Belgique, avec la démission des ministres issus du parti nationaliste flamand.

Le Pacte sur les migrations doit encore faire l’objet d’un ultime vote de ratification, le 19 décembre à l’Assemblée générale des Nations unies à New York.

A ce titre, la conférence de Marrakech, prévue sur deux jours, devait être une étape purement formelle dans ce processus. Mais, le sujet déchaînant les passions, une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision sur le texte.

Ainsi, Huit pays se sont retirés du processus après avoir approuvé le texte le 13 juillet à New York : Autriche, Australie, République tchèque, République dominicaine, Hongrie, Lettonie, Pologne et Slovaquie et sept ont souhaité plus de consultations internes : Belgique, Bulgarie, Estonie, Italie, Slovénie et Suisse, selon Louise Arbour, la représentante spéciale de l’ONU pour les migrations.

Les Etats-Unis, qui s’étaient retirés de l’élaboration du texte en décembre 2017 en le jugeant contraire à la politique d’immigration du président Donald Trump, ont lancé vendredi dernier une nouvelle salve contre le Pacte et contre toute forme de « gouvernance mondiale ».

Ces états prônent pour des contrôles renforcés de leurs frontières.

Malgré cette opposition, M. Guterres s’est dit confiant sur la suite du processus: « la réponse a été donnée par plus de 150 pays qui sont venus ici, cela permet de mesurer les applaudissements », a-t-il dit au cours d’un bref point de presse.

Approuvé le 13 juillet dernier par les Etats membres sous l’égide de l’Assemblée générale des Nations-Unies, le Pacte de Marrakech a été salué comme « une réalisation importante » et un document complet visant à mieux gérer les migrations internationales, à relever leurs défis et à renforcer les droits des migrants tout en contribuant au développement durable.

 

Andreï Touabovitch