L’Europe a livré du matériel médical à l’Iran, l’un des pays les plus touchés au monde par la Covid-19, en utilisant pour la première fois, le mécanisme Instex, mis en place en janvier 2019 pour contourner les sanctions américaines.
La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont confirmé hier mardi qu’Instex a mené avec succès sa première opération, mais aucun détail n’a filtré pour le moment sur le montant de la transaction, ni sur la nature du matériel médical livré et l’identité des fournisseurs n’a pas été non plus dévoilée.
Instex est un mécanisme de troc. Si, par exemple, l’Iran exporte un produit vers l’Espagne, Madrid crée un avoir en euros pour Téhéran au sein d’Instex, une somme qui permettra à la République islamique d’acheter des produits fabriqués en France, en Allemagne ou partout ailleurs au sein de l’Union européenne. En évitant des transactions en dollars, les pays européens contournent ainsi les sanctions américaines imposées à l’Iran.
Si cette méthode de troc est parfaitement légale en théorie, elle se heurte dans la pratique au fait que l’import-export ne se fait pas entre Etats, mais entre entreprises européennes et iraniennes. Une situation qui fait que beaucoup de grands groupes européens présents aux Etats-Unis redoutent malgré tout, les sanctions de Washington.
Instex a été mis en place en réponse à la sortie fracassante en mai 2018 des Etats-Unis de l’accord de Vienne qui visait à empêcher Téhéran d’accéder à l’arme atomique en échange d’une levée des sanctions occidentales et de sa sortie de l’isolement politique et économique, et de la réintroduction de lourdes sanctions américaines contre l’Iran.
Il aura fallu une crise sanitaire majeure pour que ce mécanisme soit utilisé pour la première fois. Selon les chiffres officiels du ministère iranien de la santé, le Covid19 a contaminé 40.000 personnes dont 2.757 décès.