Le président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, a lancé mercredi l’étude d’une demande de destitution de la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, formulée par les juristes Miguel Reale et Helio Bicudo qui est membre fondateur du Parti des Travailleurs (PT, gauche), dont est issue la dirigeante brésilienne.
Les deux juristes accusent la cheffe d’Etat brésilienne d’avoir truqué les comptes publics en 2013, soit une année avant sa réélection, en assurant le financement des dépenses budgétaires par des emprunts auprès d’établissements bancaires étatiques de sorte à en retarder le débit. Il s’agit d’une technique appelée « dribble fiscal ».
L’annonce du lancement de la procédure de destitution à l’encontre de la présidente brésilienne a été accueillie avec joie dans les artères de Sao Paulo. En effet, cela fait plusieurs mois que Dilma Rousseff devenait de moins en moins populaire.
Néanmoins, les motivations de l’implication du président de la Chambre des députés dans cette procédure pourraient être personnelles. Ce membre du Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB, centre), la principale formation politique alliée du PT au sein de la coalition au pouvoir, est impliqué dans le vaste scandale de corruption autour de la compagnie pétrolière publique Petrobras et de grandes entreprises du BTP.
D’après des investigations de la justice, Cunha et sa famille bénéficieraient de plusieurs comptes en Suisse contenant des millions de dollars. Aussi, Cunha doit-il comparaître devant une commission d’éthique. Afin de s’en sortir, cet homme politique comptait sur le soutien du PT, qu’il tentait de faire chanter en menaçant d’initier la procédure de destitution de la présidente.
Pour sa part, Dilma Rousseff a jugé les motifs de cet impeachment « inconsistants ». Même son de cloche du côté de Leonardo Picciani, le responsable du groupe PMDB à l’assemblée nationale brésilienne, qui estime qu’ « il n’y a pas de motif juridique » pour enclencher le processus de destitution.