Thaïlande : la politique en douce de Yingluck Shinawatra

Yingluck Shinawatra-phareL’ex-Première ministre thaïlandaise, Yingluck Shinawatra, parcourt actuellement les régions les plus reculées de son pays afin de montrer à ses partisans qu’il faut toujours considérer son clan dans le monde politique, bien que la junte ne ménage aucun effort pour le réduire à néant.

Officiellement, l’ancienne chef du gouvernement thaïlandais est en tournée culturelle pour fêter le fait qu’elle compte désormais plus de cinq millions de fans sur le réseau social Facebook. Ce n’est pas pour autant qu’elle se prive de poser des gestes à portée politique. A titre d’illustration, Mme Shinawatra a fait résonner la « Cloche de la liberté » dans un temple bouddhiste de la province de Phrae (nord). Et, à chaque escale, elle a pris pour habitude de faire des selfies avec ses partisans, dont beaucoup portent un T-shirt rouge, qui n’est pas sans rappeler les Chemises rouges, la puissante formation politique pro-Shinawatra.

Pour information, le bastion de la famille Shinawatra se situe dans le nord-est et le nord du territoire thaïlandais. Ce clan sino-thaï est considéré comme une menace par les élites conservatrices royalistes de Bangkok. Mais, celles-ci traversent une période difficile suite aux problèmes de santé du roi, présentement hospitalisé et n’apparaissant plus en public depuis des mois.

Malgré cela, un éventuel retour au pouvoir de Yingluck Shinawatra ne semble pas imminent, tant la tenue d’élections n’est que vaguement évoquée à Bangkok. La junte entend organiser, en août prochain, un référendum en vue de faire adopter une nouvelle Constitution, celle-ci étant minutieusement élaborée par les militaires de sorte à empêcher le triomphe de la famille Shinawatra à l’issue du scrutin. Et même si celui-ci a lieu l’année prochaine, Yingluck, sur le coup d’une interdiction de vie politique durant cinq ans prononcée en 2014, pourrait ne pas être éligible. De plus, elle risque d’être condamnée à une lourde peine de prison ferme dans le cas où elle est reconnue coupable de négligence dans la gestion d’un onéreux programme de subvention en faveur des riziculteurs.

Andreï Touabovitch

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