Dans la tempête des sanctions, la Russie maintient le cap

gazprom-projetsLa Russie continue de souffler le chaud et le froid dans sa relation avec les Occidentaux. En froid avec l’Union européenne sur fond de crise ukrainienne, elle se pose malgré tout en partenaire économique incontournable des Européens, malgré les sanctions, avec la présentation hier jeudi d’un projet de gazoduc vers l’Allemagne.

Ce projet a été présenté à la surprise générale en ouverture du Forum de Saint-Pétersbourg, le rendez-vous annuel des milieux d’affaires russes. Ce projet est le fruit d’un accord entre le géant public russe Gazprom avec l’allemand EON, l’anglo-néerlandais Shell et l’autrichien OMV, qui reste pour l’instant au stade de la lettre d’intention. Il consiste en l’ouverture de deux nouvelles branches au fond de la Baltique d’une capacité totale de 55 milliards de mètres-cubes par an, ce qui revient à doubler la capacité actuelle du gazoduc Nord Stream, lancé en 2011 et long de 1 220 kilomètres. Bruxelles est en conflit avec Gazprom sur plusieurs fronts et multiplie les initiatives pour trouver de nouvelles sources d’approvisionnements et réduire sa dépendance au gaz russe. Cet accord est donc une déconvenue de taille pour l’Union européenne que Moscou ne prive pas de reprendre à son avantage.

Pour les autorités russes, le projet de ce nouveau gazoduc montre que certains partenaires de la Russie ont décidé d’agir « dans leur propre intérêt ». Selon elles, cette tendance devrait s’accélérer étant donné que les entreprises européennes, qui avaient investi massivement ces dernières années en Russie pour profiter de l’émergence de sa classe moyenne, protestent ouvertement contre l’introduction des sanctions et assurent, en grande majorité, vouloir y rester implantées. Moscou se vante de ce que le chaos économique promis par les Occidentaux n’ait pas eu lieu. Il est probable que Gazprom signe un accord avec la Grèce pour la construction d’un gazoduc de deux milliards de dollars qui prolongerait le projet Turk Stream entre la Russie et la Turquie. Un réchauffement des relations se profile également entre la Russie et l’Arabie saoudite après une période de tensions suite à la crise syrienne.

Andreï Touabovitch

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