Chine : Plus d’un demi-million de Ouïghours enrôlés de force dans les champs de coton au Xinjiang

Le cabinet de réflexion américain Center for global policy a publié mardi un rapport qui affirme qu’au moins 570.000 Ouïghours musulmans ont été enrôlés de force dans les champs de coton au Xinjiang, en Chine.

Selon ce rapport, réalisé sur la base de documents des autorités chinoises publiées sur Internet, ces Ouïghours ont été enrôlés dans trois zones du Xinjiang (Aksu, Hotan et Kashgar) pour la cueillette du coton dans le cadre d’un programme obligatoire géré par l’Etat. Le nombre réel pourrait même être bien plus élevé que 570.000 à l’échelle de toute la province.

L’Etat chinois justifie son programme obligatoire comme un moyen de combattre la pauvreté, alors que de nombreuses voix à l’étranger dénoncent l’exploitation par l’Etat des minorités. Les Ouïghours contraints d’y participer font l’objet d’une étroite surveillance policière et doivent suivre des cours d’idéologie politique.

Près de 85% du coton en Chine, soit environ 20% de la production mondiale, provient du Xinjiang. Des défenseurs des droits de l’Homme indiquaient cet été dans un rapport qu’un vêtement en coton sur cinq dans le monde serait fabriqué avec du coton issu d’un camp de travail forcé chinois, que Pékin présente comme des « centres de formation professionnelle », destinés à éloigner la population de l’extrémisme religieux.

L’anthropologue allemand spécialiste de la Chine, Adrian Zenz, auteur du rapport incriminant la Chine, reconnaît que certains membres de minorités ethniques en Chine peuvent manifester un certain degré de consentement et en tirer un avantage financier, mais qu’il est impossible de définir où s’arrête la coercition et où peut commencer le consentement.

En septembre dernier, Adran Zenz avait publié d’autres recherches, corroborées par l’agence de presse britannique Reuters, sur le travail forcé imposé également au Tibet depuis des années et il a dénoncé l’internement au Xinjiang d’au moins un million de musulmans Ouïghours dans des «camps de rééducation» une sorte d’usines où la main d’œuvre est très peu payée.

Suite à ces accusations, le gouvernement américain a imposé des sanctions et l’arrêt des importations du coton chinois contrôlé par le groupe Xinjiang Production and Construction Corps, qui produit un tiers du coton chinois.

Andreï Touabovitch