Iran : le nouveau président ultraconservateur Ebrahim Raïssi face à ses défis

Ancien chef de l’autorité judiciaire, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, 60 ans, a été intronisé hier mardi président de l’Iran. Il entame un mandat de quatre ans pendant lequel il devra s’atteler à redresser une économie minée par les sanctions américaines et la crise sanitaire, ainsi que relancer les pourparlers pour sauver l’accord international sur le nucléaire.

Ebrahim Raïssi succède au président sortant modéré Hassan Rohani au terme de la présidentielle du 18 juin dernier marquée par une abstention de 51.2%, la plus forte depuis la révolution de 51.2%.

Face aux attentes qui pèsent sur lui, il a promis de lutter contre la crise économique qui tenaille le pays et la corruption qui en est en partie, selon lui, la cause, et de lever les « sanctions tyranniques » imposées par les Etats-Unis et qui pèsent sur l’Iran.

L’économie sera en effet le principal cheval de bataille du nouveau président. En 2018, Donald Trump avait retiré les Etats-Unis de l’accord de 2015 conclu sous la présidence de Hassan Rohani, sur le nucléaire, et rétabli les sanctions américaines.

Téhéran avait riposté en relançant la plupart de ses activités nucléaires controversées. Sans possibilité d’exporter son pétrole, le régime a largement usé de la planche à billets, entraînant le pays dans un cycle de forte inflation et de hausses des prix, une situation qui n’a fait qu’empirer avec le Covid-19.

Ebrahim Raïssi s’est aussi engagé à défendre les libertés individuelles des 85 millions d’habitants. Farouche partisan du « made in Iran », il a promis de créer un million d’emplois par an, de construire quatre millions de logements pendant son mandat.

Mais ses détracteurs ne devraient pas manquer d’être au rendez-vous pendant tout son mandat. Beaucoup n’ont pas oublié qu’Ebrahim Raïssi siégeait en 1988 comme procureur adjoint du tribunal révolutionnaire de Téhéran qui a condamné à mort des milliers d’opposants politiques. Et c’est à ce titre qu’en 2019 il a été inscrit par Washington sur la liste noire des responsables iraniens, soupçonné de « complicité de graves violations de droits humains ».

Andreï Touabovitch