La Commission européenne vient d’annoncer la signature d’un accord suite à des négociations tripartites entre l’Union européenne, la Russie et l’Ukraine sur les livraisons de gaz russe à l’Ukraine. La Russie se serait engagée à livrer au minimum à l’Ukraine 5 milliards de mètres cubes de gaz contre un remboursement par l’Ukraine de 3.1 milliards de dollars de sa dette gazière envers la Russie.
En plus du remboursement d’une partie de sa dette, l’Ukraine se serait également engagée à payer le gaz russe au prix de 385 dollars par millier de mètres cubes contre 268 dollars sous Ianoukovitch. Cet accord provisoire, qui court jusqu’au printemps prochain, apporte une trêve dans la guerre du gaz qu’a entraînée la crise ukrainienne.
A la suite de la chute du gouvernement pro-russe de Viktor Ianoukovitch et de l’annexion de la Crimée par la Russie, la compagnie russe Gazprom avait unilatéralement annulé deux accords donnant à l’Ukraine une ristourne sur le prix du gaz. Devant le refus de Kiev de se plier à la hausse du prix du gaz qui en découlait, Gazprom avait ensuite suspendu toute livraison de gaz à destination de l’Ukraine, ce qui avait poussé l’Union européenne, inquiète pour sa sécurité d’approvisionnement, à se saisir de la question.
L’accord annoncé par l’UE semble avantageux à toutes les parties, mais en apparence seulement. L’Ukraine réduit les risques d’une pénurie hivernale, mais voit poindre à l’horizon d’autres conflits gaziers. Aucun accord n’a été trouvé sur le remboursement des 2 milliards de dollars de dette restants et le prix de 385 dollars n’est pas soutenable au regard des prix de vente sur son marché domestique.
Pour l’UE qui importe 50% du gaz russe consommé via l’Ukraine, l’accord intérimaire, en plus d’assurer sa sécurité d’approvisionnement en gaz naturel, lui donne une porte de sortie honorable à la surenchère des sanctions. D’autant plus que la riposte russe met à l’épreuve son économie déjà fragile. La Russie, pour sa part, facture à l’Ukraine un prix supérieur à celui payé sous le gouvernement pro-russe de Viktor Ianoukovitch, en plus de se donner de l’air économiquement, le pays tirant environ la moitié de ses recettes budgétaires des exportations de gaz et de pétrole.