Cheikh Ali Salmane, le chef de l’opposition chiite à Bahreïn, ainsi que deux de ses collaborateurs ont été condamnés dimanche en appel à la prison à perpétuité pour « intelligence » avec le Qatar. La sentence a été dénoncée par plusieurs ONG qui y voient un jugement politique.
Dans un communiqué, le procureur a affirmé que les trois hommes avaient été condamnés à l’unanimité par la Cour d’appel pour « actes d’hostilité envers le royaume de Bahreïn » et « intelligence avec le Qatar pour renverser l’ordre constitutionnel dans le pays ».
Cette inculpation remonte au 1er novembre 2017 et repose selon les autorités sur une conversation téléphonique datant de 2011 entre l’opposant chiite barheïni et l’ancien Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani.
Cheikh Ali Salmane, le chef du mouvement Al-Wefaq, ainsi que ses collaborateurs Hassan Sultan et Ali al-Aswad avaient été acquittés en juin par la Haute cour pénale de Bahreïn mais le procureur général avait interjeté appel. Le jugement rendu dimanche peut encore faire l’objet d’un recours devant la Cour de cassation.
Ces inculpations sont intervenues après l’embargo décrété en juin 2017 par l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte, contre le Qatar, accusé notamment de soutenir des mouvements islamistes radicaux dans ces pays.
Depuis la répression en 2011 d’un mouvement de contestation animé principalement par des chiites qui réclament la « fin des discriminations » et des réformes démocratiques à la dynastie sunnite, Bahreïn est secoué par des manifestations sporadiques.
Mais plusieurs Organisations Non Gouvernementales comme Amnesty International ont critiqué le jugement rendu dimanche contre Cheikh Ali Salmane et ses collaborateurs, le présentant comme l’un des nombreux moyens utilisés ces dernières années par les autorités bahreïnies pour museler l’opposition.