Présenté vers le milieu du mois en cours par une circulaire du ministère mauritanien des Affaires étrangères et de la Coopération aux missions diplomatiques et consulaires et aux organisations internationales, le durcissement de la loi mauritanienne sur l’immigration menace d’expulsion de 150 000 sénégalais.
Le ministère des Affaires étrangères explique cette mesure par un besoin du contrôle de gestion des flux migratoires. Les étrangers présents sur le sol mauritanien doivent se munir d’ici le 1er juin d’une carte de séjour. Là où le bât blesse c’est que l’acquisition de cette carte de séjour, dont la durée de validité n’a pas encore été spécifiée, est monnayée à hauteur de près de 100 dollars US et s’impose à tous, jusqu’aux nouveau-nés. Un drame pour les familles nombreuses. De plus, pour se la procurer, les étrangers sont tenus de fournir une carte nationale d’identité en cours de validité, un acte tenant lieu de titre de travail ou une inscription au registre du Commerce et un contrat de bail ou une facture d’eau ou d’électricité. Hormis les Sénégalais, les Maliens et les Gambiens, ils sont également obligés de produire un passeport en cours de validité et une lettre de demande d’établissement de carte de séjour faite par l’administration de l’emploi. Les sénégalais de Mauritanie, dont certaines familles y sont établies depuis des dizaines d’années, menés par Oumar Ndaw, le Président de l’association des ressortissants Sénégalais de Luxar, n’ont pas tardé à monter au créneau pour dénoncer une mesure irréfléchie. Ils ont organisé en signe de protestation un sit-in devant l’ambassade du Sénégal en Mauritanie.
La situation a néanmoins peu de chances de s’envenimer, malgré les appels des sénégalais de Mauritanie à une réciprocité de l’Etat sénégalais à l’égard des Mauritaniens présents sur son sol. L’ambassadeur du Sénégal en Mauritanie, monsieur Mamadou Kane, a promis d’engager des discussions avec les autorités mauritaniennes sur la question, notamment sur les tracasseries, fouilles corporelles et brutalités, dont se plaignent ses compatriotes.