La première audience de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille de son fondateur Ren Zhengfei, a commencé hier lundi au tribunal de Vancouver. La justice canadienne doit examiner son éventuelle extradition vers les Etats-Unis qui l’accusent de fraude et d’avoir contourné les sanctions de Washington contre l’Iran.
Ce procès d’extradition n’a pas pour but de prouver ou d’infirmer les allégations des Etats-Unis contre Meng Wanzhou, mais seulement de déterminer si elles satisfont aux normes canadiennes requises pour l’extradition.
L’audience de cette semaine couvre un élément crucial du processus d’extradition appelé « double incrimination ». Cela signifie que, pour extrader une personne du Canada, ce dont elle est accusée dans le pays de destination, en l’occurrence les Etats-Unis, doit également être un crime en vertu de la loi canadienne.
Le procureur général du Canada a soutenu que, parce que Meng Wanzhou et Huawei auraient commis une fraude bancaire qui est un crime aux Etats-Unis et au Canada, la norme de double incrimination est respectée.
L’équipe de défense de Meng a de son côté déclaré que l’allégation de fraude bancaire n’est significative qu’à la lumière des sanctions américaines contre l’Iran, qui ne s’appliquent pas au Canada et que, globalement, l’essence de l’affaire américaine contre Meng Wanzhou comprend des violations des sanctions que le Canada n’a pas imposées à l’Iran.
L’audience devrait se terminer jeudi. Si le juge fédéral canadien détermine que la norme de double incrimination est respectée, le processus d’extradition se poursuivra, et pourrait durer encore plusieurs années selon les nombreuses possibilités d’appel. Sinon, Meng Wanzhou pourrait être libérée.
Meng Wanzhou a été arrêtée le 1er décembre 2018 lors d’une escale à Vancouver, au nom des Etats-Unis. Elle a été assignée à résidence à Vancouver en attendant son procès d’extradition. Son extradition pourrait avoir des implications importantes pour elle et sa compagnie, bien sûr, mais aussi pour les relations entre le Canada, la Chine et les Etats-Unis.
Déjà, à la suite de l’arrestation de Meng Wanzhou, deux Canadiens ont été détenus en Chine, accusés d’espionnage, ce qui a été largement considéré comme des représailles, bien que la Chine ait déclaré à l’époque qu’il n’y avait pas de comparaison entre les deux cas, et des milliards de dollars d’importations de produits agricoles canadiens.
Le fondateur de Huawei avait estimé dans une interview au quotidien canadien The Globe and Mail que sa fille était utilisée comme un pion par Washington dans son bras de fer avec le géant des télécoms. Les Etats-Unis soupçonnent en effet le groupe de liens avec le gouvernement chinois et éventuellement d’espionnage.