Au-delà du drame qui frappe actuellement le Liban, Israël est plus que jamais sur le qui-vive, inquiet de ce que son ennemi juré, le Hezbollah libanais, qui a déjà envisagé de faire usage de nitrate d’ammonium, ait pu prévoir d’utiliser le stock du port, qui a explosé, au prochain conflit contre Israël.
La rumeur a ré-émergé à la Treizième chaîne vendredi soir, quelques heures après que le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, ait prononcé un discours pour démentir « catégoriquement » que son groupe avait stocké des armes ou des explosifs au port de Beyrouth, après l’énorme explosion de amrdi qui a tué au moins 157 personnes et fait des milliers de blessés.
En 2018, à la tribune des Nations unies, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait arboré une carte où figurait l’emplacement de plusieurs caches de missiles, dont l’une jouxtant l’aéroport Rafic Hariri. Dernièrement, un rapport du centre Alma a listé les coordonnées de 28 sites militaires que le mouvement pro-iranien aurait enfouis au cœur de Beyrouth.
Dans ce contexte, le stockage sans précaution de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium éveille naturellement des soupçons, surtout au vu de la tendance du Hezbollah à placer ses infrastructures au milieu des zones urbaines. Car si les engrais au nitrate d’ammonium sont bons pour les récoltes, ils servent aussi à la fabrication d’explosifs.
Le Hezbollah aurait déjà acheminé une première fois cette substance de Syrie, en 2009, via le ministère de l’Agriculture. En janvier 2012, la police thaïlandaise a mis la main sur 4 300 kilogrammes de nitrate d’ammonium et d’autres matériaux servant à la fabrication d’une bombe dans un immeuble de Samut Sakhon. Un Libanais détenteur d’un passeport suédois avait été arrêté pour « terrorisme », accusé de fomenter des attentats contre des cibles israéliennes. Son complice, Muhammad Atris, qui est parvenu à s’enfuir, est présenté comme un recruteur du Hezbollah.
En mai 2015, un Libano-Canadien appréhendé à son domicile de Larnaca à Chypre en possession de 8.2 tonnes de nitrate d’ammonium et également suspecté d’avoir voulu frapper des intérêts israéliens, avait reconnu lors de son procès des liens avec la branche militaire de l’organisation chiite.