La ministre britannique de la Culture et du Numérique, Nadine Dorries a demandé hier mardi à la CMA (Competition and Markets Authority), l’autorité britannique de la concurrence et des marchés, de mener une enquête approfondie de phase 2 sur l’acquisition par l’américain NvidiaCorp du concepteur de puces «Arm» basé au Royaume-Uni.
La CMA devra rendre ses conclusions sous 24 semaines, un délai qui pourrait être prolongé de huit semaines supplémentaires. Nadine Dorries a expliqué que l’enquête doit examiner l’impact qu’une vente aurait sur la concurrence et la sécurité nationale au vu de la position d’Arm dans la chaîne d’approvisionnement technologique mondiale.
Avec cette décision, les autorités britanniques rejoignent la position des Etats-Unis, de la Chine et de l’Union européenne qui ont lancé de longues enquêtes.
L’importante entreprise technologique britannique Arm a été vendue en 2016, à la société japonaise SoftBank pour 32 milliards de dollars et accorde des licences pour ses plans aux principaux fabricants de puces tels qu’Apple, Qualcomm et Samsung Electronics, ce qui sous-tend l’écosystème mondial des Smartphones.
Et NvidiaCorp qui est le plus grand fabricant mondial de puces graphiques et d’IA, a accepté d’acheter en septembre 2020, Arm à SoftBank pour du cash et des actions d’une valeur maximale de 40 milliards de dollars à l’époque, avant qu’une hausse du cours de l’action de Nvidia ne vienne augmenter la valeur de l’opération à 54 milliards de dollars.
Malgré l’engagement de Nvidia à maintenir la neutralité qui a été au cœur du succès d’Arm, avec plus de 200 milliards de puces livrées à ce jour et sa technologie alimentant presque tous les Smartphones, l’annonce de cette opération a déclenché une réaction des clients d’Arm, dont beaucoup sont en concurrence avec l’acheteur américain, et qui craignent une restriction de l’accès aux conceptions des puces «neutres» d’Arm, des prix plus élevés, moins de choix et une innovation réduite dans l’industrie des semi-conducteurs.
L’enquête des autorités britanniques constitue un nouvel obstacle à une transaction qui est surveillée de près sur tous les grands marchés technologiques et son examen par les régulateurs du monde entier rend de plus en plus improbable que l’accord soit conclu avant l’échéance initiale de mars 2022.