Washington tente d’arracher à la Russie le soutien du Venezuela

Le New York Times a révélé que les Etats-Unis ont envoyé une délégation au Venezuela, dont les relations diplomatiques avec les Etats-Unis sont coupées depuis 2018, pour convaincre les dirigeants de ce pays de rompre l’alliance avec la Russie, mettant dans la balance un allègement des sanctions américaines qui pèsent sur l’économie et l’achat de pétrole de l’Orénoque.

Cette rencontre n’a été confirmée par aucune des deux parties. La listes des interlocuteurs impliqués est aussi gardée secrète, même si le quotidien cite, côté américain, de hauts responsables de la Maison Blanche et du Département d’Etat.

Cette initiative inédite intervient en pleine invasion russe de l’Ukraine, et traduit la volonté américaine de chercher à isoler le président russe Vladimir Poutine.

Les Etats-Unis ont rompu leurs liens diplomatiques avec le Venezuela après la réélection de Nicolas Maduro en mai 2018, lors d’un vote largement considéré comme frauduleux. Peu après, en janvier 2019, Washington a reconnu à l’instar d’une cinquantaine de capitales à travers le monde, comme «président par intérim » le chef de l’opposition Juan Guaido, alors président du Parlement.

Et pour tenter de forcer Maduro à quitter le pouvoir, les Etats-Unis et l’Union européenne ont imposé une batterie de sanctions à Caracas. En avril 2019, la Maison Blanche a interdit au Venezuela de vendre son pétrole brut sur le marché américain et gelé les 6 milliards d’euros que la compagnie pétrolière publique vénézuélienne (PDVSA), détenait dans des banques américaines.

Toutes ces mesures ont eu pour conséquence de resserrer les liens économiques du Venezuela avec ses partenaires du bloc de l’Est à savoir, la Chine, la Turquie, l’Iran et, bien sûr, la Russie. D’ailleurs, jusqu’à présent, le Venezuela a soutenu l’invasion de l’Ukraine au nom du «droit de la Russie à se défendre».

Mais la guerre en Ukraine a changé la donne. Et les Etats-Unis disposent de plusieurs leviers d’action pour obtenir gain de cause. Le pétrole qui représente 95% des revenus du Venezuela et la restitution du pactole de la PDVSA ont été une probable monnaie d’échange sur la table des négociations du week-end passé.

Selon le New-York Times, la visite à Caracas est aussi liée à la volonté de Washington de remplacer une partie des barils qui venaient de Russie par ceux qu’il a cessé d’acheter au Venezuela.

Andreï Touabovitch