Londres et Kigali d’accord pour le refoulement des demandeurs d’asile du Royaume-Uni au Rwanda

Le gouvernement britannique de Boris Johnson a annoncé ce jeudi, avoir signé un accord qui permet que les demandeurs d’asile arrivant au Royaume-Uni soient envoyés au Rwanda, à plus de 6.000 kilomètres. Cet accord controversé a pour objectif de dissuader les futurs candidats des traversées illégales de la Manche qui ont atteint des records.

Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de 157 millions de dollars. Lors d’une visite de la ministre britannique de l’Intérieur Priti Pael, le ministre rwandais des Affaires étrangères Vincent Biruta a déclaré que son pays se réjouissait de ce partenariat avec le Royaume-Uni pour accueillir des demandeurs d’asile et des migrants, et leur offrir des voies légales pour vivre dans le pays.

Cette annonce intervient quelques heures avant un discours du Premier ministre britannique Boris Johnson dans le Kent, au Sud-est de l’Angleterre, non loin des côtes anglaises où arrivent les migrants par bateaux, qui devrait exposer le plan de son gouvernement pour lutter contre l’immigration clandestine et les traversées de la Manche en petits bateaux.

Le nombre de clandestins traversant la Manche a triplé en 2021, alors que Boris Johnson avait promis de contrôler l’immigration, un des sujets clés dans la campagne du Brexit. Selon des chiffres livrés par le ministère de l’Intérieur, 28.500 personnes ont effectué les périlleuses traversées du tunnel de la Manche en 2021, contre 8.466 en 2020, et seulement 299 en 2018.

Cela fait plusieurs mois que Boris Johnson et son gouvernement cherchent à conclure des accords avec des pays tiers pour y renvoyer les migrants en attendant de traiter leur dossier. Mais l’initiative est loin de faire l’unanimité.

Les militants des droits de l’homme ont dénoncé une politique « scandaleuse » et « barbare ». Le projet est dénoncé par l’opposition, mais est aussi critiqué jusque dans les rangs conservateurs. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), affirme que l’adoption de cette loi contredirait la Convention de Genève pour les réfugiés, dont le Royaume-Uni est signataire.

Andreï Touabovitch