La piste d’un mobile lié aux trafics de drogues se confirme dans l’enquête sur l’incendie volontaire qui a fait sept morts la semaine dernière dans un immeuble à Nice (sud-est), a indiqué lundi le procureur de la ville. En plus des deux suspects déjà interpellés, trois sont désormais « activement recherchés », après avoir été identifiés, dont un mineur de 17 ans, a précisé Damien Martinelli, lors d’une déclaration à la presse.
Les personnes déjà arrêtées sont le chauffeur, âgé de 25 ans, de la voiture qui a amené les auteurs de l’incendie criminel sur place, et l’un des incendiaires présumés, âgé de 21 ans. Evoquant le mobile, le procureur a indiqué que « la piste d’un conflit sur fond de trafics de stupéfiants se confirme », pour « le contrôle d’un point de vente situé à proximité ».
Le quartier populaire des Moulins, à l’ouest de Nice, est gangréné par les trafics de drogue et a connu de nombreux épisodes de violences en lien avec une lutte pour le contrôle de points de « deal ». M. Martinelli a souligné que les sept victimes, toutes présentes dans le même appartement au 7ème étage, n’étaient « en aucune manière concernées directement ou indirectement » par ces trafics. Il s’agit de trois enfants de cinq, sept et 10 ans, d’un adolescent de 17 ans, de deux femmes de 22 et 46 ans, et d’un homme de 45 ans qui s’est défenestré pour échapper aux flammes.
Le nombre de victimes dans un seul et même appartement s’explique notamment par la violence de l’incendie, favorisée par un « produit accélérant » dont des traces ont été retrouvées « en quantités significatives » aux foyers allumés aux 1er, 2ème et 3ème étages. Un « effet cheminée » ajouté à un « appel d’air » au 7ème étage ont contribué au drame qui a frappé une même famille d’origine comorienne.
Les enquêteurs, qui disposaient de nombreuses images de vidéosurveillance, ont dès jeudi placé en garde à vue un premier suspect, interpellé à Nice. Il a de lui-même contacté la police via un avocat, assurant avoir été « contraint » de conduire le véhicule ayant amené les incendiaires au quartier des Moulins. Les enquêteurs ont identifié au total cinq hommes, âgés de 17 à 25 ans, dont trois, entrés par effraction dans l’immeuble, sont suspectés d’avoir allumé l’incendie.
Dimanche, un des incendiaires présumés, âgé de 21 ans et résidant en région parisienne, a été arrêté près de Paris. Il présentait des blessures aux jambes pouvant être des brûlures, a précisé le procureur. Les trois recherchés sont un homme de 23 ans, domicilié dans la région de Nice, et deux de 17 et 18 ans, résidant en région parisienne.
Le procureur a indiqué avoir requis l’ouverture d’une information judiciaire pour « destruction volontaire par incendie en bande organisée ayant entraîné la mort » et « association de malfaiteurs », notamment « en vue de détention, transport, acquisition, offre ou cession de stupéfiants ». Les peines encourues vont jusqu’à la prison à perpétuité.