Le service de presse de la présidence brésilienne a annoncé hier mardi par un communiqué que la présidente Dilma Roussef reportait sa visite d’Etat à Washington prévue pour le 23 octobre. Elle justifie ce report par les explications qu’elle estime insuffisantes des Etats-Unis au sujet des récentes révélations sur des cas d’espionnage américain au Brésil.
Les relations se sont tendues entre les deux capitales depuis la révélation ces dernières semaines par la chaîne de TV Globo des activités américaines d’espionnage. La NSA (Agence Nationale de Sécurité) américaine aurait ainsi espionné toutes les communications de la présidente Roussef, de ses proches collaborateurs, de millions de Brésiliens ainsi que les données du géant pétrolier Petrobras, la plus grande entreprise du Brésil. Brasilia estime ne pas avoir obtenu de Washington les éclaircissements attendus ainsi que l’engagement de cesser les activités malgré un appel téléphonique lundi soir d’une vingtaine de minutes du président américain à son homologue brésilienne pour la rassurer.
La décision brésilienne est un camouflet pour les Etats-Unis qui fondaient beaucoup d’espoir dans cette visite en vue de développer ses relations avec le Brésil. Les analystes estiment que les relations bilatérales entre les deux pays sont à leur plus mauvais niveau depuis 30 ans. Pour montrer l’intérêt qu’il lui portait, Washington était allé jusqu’à réserver cette visite de manière à ce qu’elle soit la première visite d’Etat d’un président étranger cette année. Un privilège qu’il n’accorde qu’à ses partenaires les plus stratégiques.
Ce coup de force donne à la présidente brésilienne une image de fermeté qui pourrait lui susciter la sympathie de la population brésilienne et redorer son blason après la vague de contestation populaire en juin dernier.