La tournure des évènements au Mali ces derniers mois présage un enlisement du processus de paix dans le nord du pays qui risque de mettre la France, qui intervient militairement dans ce pays depuis deux ans maintenant, dans une situation des plus inconfortables.
Les discussions de paix entre le gouvernement de Bamako et les groupes armés rebelles touaregs et arabes du nord du pays pataugent. Pendant ce temps, les violences se multiplient. Les milices pro-Bamako telles que le GATIA du général Gamou enchaînent les opérations contre les groupes pro-Azawad que sont le MNLA et le HCUA. Les djihadistes d’AQMI et d’Ansar Dine, chassés un temps par l’intervention internationale menée par la France, sont à l’affût dans l’Adrar. Grâce à l’argent des narcotrafiquants et certaines monarchies du Golfe, leurs chefs réfugiés dans le sud algérien ou libyen commanditent également des actions de harcèlement de plus en plus ambitieuses.
Face à cette situation, la Minusma, faible, maladroite et accusée de partialité, ne parvient pas à s’imposer en tant qu’organe international de maintien de la paix.Et malgré la tenue d’élections législatives et présidentielle, la situation politique est encore loin d’être stabilisée dans le pays. Le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keita qui vient de nommer son troisième Premier ministre en moins de 18 mois sans aboutir à aucune réforme, semble toujours aussi peu soucieux de créer les conditions d’une stabilisation et d’un développement dans le nord du Mali.
La France s’est mise en retrait du dialogue politique dans le pays pour se cantonner à la lutte antiterroriste. Mais l’attitude non constructive des autorités de Bamako pour stabiliser le pays, s’ajoute à la résurgence des groupes terroristes. La crise au Nigéria en lutte contre Boko Haram et la crise libyenne pourraient créer une vaste zone terroriste incontrôlable qui irait du Soudan à la Mauritanie et plongeraient la France dans une situation des plus difficiles.