La Russie montre ses muscles

Décalage horaire oblige, c’est le mercredi 09 avril que la Russie célèbre chaque année le Jour de la Victoire de la Grande Guerre patriotique, jour où l’Union soviétique a reconnu la capitulation de l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui a duré de 1939 à 1945. Pour l’occasion, la Russie organisé mercredi un immense défilé militaire, qui prend une connotation particulière dans le contexte actuel.

Le traditionnel défilé sur la Place Rouge s’est militarisé au fil des ans. Ce sont au total plus de 13 000 soldats et 159 types de véhicules, parmi lesquels 75 avions qui ont participé au défilé cette année. Ces célébrations annuelles sont devenues une composante essentielle de la nouvelle identité russe sous Vladimir Poutine qui les présente comme une continuité entre l’URSS et la Russie contemporaine, contre les ennemis extérieurs. Le nombre de soldats participant a triplé en 10 ans.

Cette démonstration de force est d’une importance capitale pour Moscou. Elle permet de réconcilier l’armée avec sa population, qui en avait gardé une image délabrée et inefficace après la guerre en Tchétchénie.

En 2017, un sondage de l’institut indépendant Levada révèle que 58% des Russes font davantage confiance à leur armée, contre 31% en 2005, et 84% estiment qu’elle est capable de défendre le pays, contre 52% en 2005. Avec 66.3 milliards de dollars, la Russie a été au quatrième rang des plus grandes dépenses militaires en 2017, derrière les Etats-Unis, la Chine et l’Arabe saoudite.

L’intervention en Syrie a permis à l’armée russe de confirmer sa grandeur retrouvée et, par ricochet, de contribuer au renforcement de la diplomatie du pays. Et Moscou ne se prive plus d’utiliser son outil militaire pour envoyer des messages à ses voisins, à l’image des récents événements en Ukraine avec l’intervention des forces spéciales russes en 2014 juste avant l’annexion de la Crimée ou encore le soutien aux sécessionnistes du Donbass en Ukraine.

Francis Shwarz

Francis Shwarz

ancien Senior Consultant spécialisé dans les questions de stratégie économique au sein de la société Boston Consulting Group (BCG), et ancien manager au sein du groupe spécialisé dans les services pétroliers Schlumberger. en savoir plus