L’opposition togolaise a une nouvelle fois bravé l’interdiction de manifester samedi dernier, au troisième jour de ses manifestations populaires pour dénoncer l’impasse volontaire entretenue par la majorité présidentielle, dans le dialogue politique engagé depuis février.
Comme au premier jour, le 11 avril, les marches de samedi dernier ont encore été violemment réprimées, notamment à Sokodé, où l’on signale un mort dans les rangs des manifestants. Il s’agit d’un jeune conducteur de taxi-moto, qui a été passé à tabac par les forces de l’ordre, et a succombé à ses blessures.
La ville de Sokodé, située à 336 km au nord de la capitale, Lomé, est devenue depuis août 2017, une ville sous haute tension, où les manifestations sont omni-interdites.
A Lomé, où se tenait un sommet extraordinaire de la CEDEAO consacré à la situation en Guinée-Bissau samedi dernier, des leaders de la coalition des 14 partis de l’opposition togolaise (c14) ont été empêchés de prendre part à la mobilisation populaire à laquelle ils avaient appelé le peuple.
Alors que ces leaders de la C14, dont le chef de fil de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, se réunissaient au siège de la CDPA (parti membre de la C14), un important dispositif militaire a été déployé sur les lieux. Ce dispositif a été ensuite renforcé, et a dispersé à coups de gaz lacrymogène, les manifestants qui convergeaient vers les lieux pour « libérer » leurs leaders.
Réunis à Lomé, les chefs d’Etats et de gouvernement de la CEDEAO ont aussi évoqué la situation politique dans le pays, et nommé officiellement les présidents ghanéen, Nana Akufo-Addo et guinéen, Alpha Condé, facilitateurs dans la résolution de la crise, née depuis août 2017.
La CEDEAO a également instruit sa Commission d’appuyer les facilitateurs, et de proposer des recommandations qui seront soumises au prochain sommet de l’institution.