Tous les regards sont désormais tournés vers la présidente Dilma Roussef. Après l’adoption par les députés à une large majorité d’une loi réformant le code forestier de 1965, elle est désormais la seule à pouvoir empêcher son application par son droit de véto.
Alors que l’ancien texte obligeait les propriétaires terriens à conserver intact une partie des forêts, la réforme, qui avait déjà été entérinée en décembre par le Sénat brésilien, amnistie les auteurs de coupes forestières illégales et autorise l’installation de fermes dans les zones défrichées. La position de la présidente brésilienne est particulièrement délicate du fait des enjeux que couvre cette loi. D’une part, les défenseurs de l’environnement espère qu’elle opposera son véto à cette loi, qui, selon eux, accélérerait la déforestation en Amazonie, jusqu’à 47% d’ici à 2020 selon une étude de l’université de Brasilia. D’autre part, le puissant lobby agro-alimentaire espère que la présidente s’abstiendra tant cette loi leur offre des opportunités en matière agricole.
A deux mois du sommet Rio +20 sur le développement durable qui doit accueillir plus d’une centaine de chefs d’état et de gouvernement, Dilma Roussef doit choisir entre le volet environnemental, la forêt amazonienne qui couvre une grande partie du pays étant considéré comme le poumon de la planète, et le volet économique, l’agriculture dans le pays ayant pris ces dernières années une telle ampleur, particulièrement à l’exportation, que le Brésil est parfois qualifié de ferme du monde.
Le dilemme de la réforme projetée par le Grenier Forestier et agricole mondial qu’est le Brésil ne fait qu’illustrer le paradoxe de Gramsci selon qu le programme de protection de l’environnement en appelle au double « pessimisme de l’intelligence et optimisme de la volonté »