Contraint par son Parlement de demander un report du Brexit, le Premier ministre britannique Boris Johnson a dû s’exécuter, mais en martelant ne pas vouloir de ce report.
Selon une source à Downing Street, Boris Johnson a adressé hier dimanche matin aux Européens trois lettres. Dans la première, qu’il n’a pas signée, il demande une prolongation de trois mois de la date du Brexit. Dans la seconde, qu’il a cette fois-ci signée, il dit qu’il ne veut pas de ce délai. Et dans la troisième, à l’ambassadeur britannique auprès de l’Union européenne Tim Barrow, il précise que le report n’a été demandé que pour se plier à la loi britannique.
Le président du Conseil européen Donald Tusk a indiqué sur Twitter qu’il allait commencer à consulter les dirigeants de l’Union européenne sur la manière de réagir. Mais déjà, la présidence française a fait savoir qu’un «délai supplémentaire n’était dans l’intérêt de personne».
Adoptée en septembre pour éviter un « no deal », la loi qui a forcé Boris Johnson à réclamer cette extension stipule que si aucun accord n’était trouvé par le Parlement britannique d’ici au 19 octobre, le Premier ministre doit réclamer un report du Brexit au 31 janvier 2020.
Boris Johnson, qui s’est dit prêt à un «no deal» si c’était le prix à payer pour sortir le Royaume-Uni de l’UE le 31 octobre, espérait y échapper en faisant approuver samedi son nouvel accord de retrait de l’Union européenne, qu’il avait arraché contre toute attente la semaine passée à Bruxelles. Mais les élus britanniques ont repoussé le vote prévu sur l’accord.
Le texte négocié à Bruxelles permettrait une sortie en douceur assortie d’une période de transition courant au moins jusqu’à fin 2020. Il est censé résoudre le casse-tête de la frontière irlandaise, sur laquelle avait buté le processus jusqu’à présent, en évitant le retour d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord britannique et la république d’Irlande, membre de l’Union européenne, pour préserver la paix sur l’île après des décennies de violences.
A 10 jours de la date-butoire du 31 octobre, l’hypothèse d’une sortie sans accord donne des sueurs froides aux milieux économiques avec des craintes de chaos aux frontières, des pénuries de produits alimentaires et de médicaments et d’une poussée des prix, voire d’une récession dans le Royaume-Uni.