Deux ressortissants syriens, anciens membres des services secrets du régime de Damas, ont été accusés de crimes contre l’humanité en Allemagne, a annoncé mardi le parquet fédéral allemand.
Cette décision de la justice allemande devrait mener au premier procès au monde de responsables syriens pour les exactions commises sous le régime de Bachar Al-Assad depuis l’éclatement du conflit civil en 2011, a estimé l’ONG allemande ECCHR, qui s’attend à une audience en début 2020.
Les deux Syriens, présentés dans la presse comme étant Anwar Raslan et Eyad Al-Gharib, avaient été interpellés en février outre-Rhin, alors qu’un troisième suspect, qui est leur compatriote, avait été arrêté le même jour sur le sol français, d’après le communiqué du parquet. Les deux suspects arrêtés en Allemagne, et particulier Anwar Raslan, sont soupçonnés d’avoir travaillé dans une prison de Damas qui a été le lieu d’actes de torture.
Anwar Raslan était responsable de cette prison, où, à en croire le parquet allemand, « au moins 4.000 personnes » ont subi des actes de torture entre fin avril 2011 et début septembre 2012. « Au moins 58 personnes sont mortes suite aux sévices » qu’elles ont subies.
Dans cette prison, bon nombre de détenus avaient pris part aux manifestations réclamant liberté et démocratie à l’époque des « printemps arabes » à partir de mars 2011.
Ancien de la direction des renseignements secrets généraux syriens, Anwar Raslan aurait abandonné le régime de Bachar al-Assad en 2012 avant de gagner l’Allemagne comme réfugié en 2014.
Quant à Eyad Al-Gharib, il est accusé d’avoir pris part, à l’automne 2011, à l’arrestation et à la torture « d’au moins 30 personnes » lors d’une manifestation à Douma, bastion rebelle à proximité de la capitale syrienne, Damas. Il avait quitté son pays en février 2013, avant d’arriver en Allemagne en avril 2018.