Le Parti de l’homme ordinaire (AAP) d’Arvind Kejriwal a triomphé à l’élection locale du 8 février dernier, remportant 63 des 70 sièges de l’Assemblée législative de New Delhi, capitale d’un pays dominé par le puissant Parti du peuple indien (BJP – nationaliste hindou) du Premier ministre, Narendra Modi qui n’a obtenu que 10% des sièges.
Ancien inspecteur des impôts devenu militant anticorruption, Arvind Kejriwal dirigeait déjà la capitale de l’Inde depuis cinq ans. Agé de 51 ans et n’appartenant à aucun des grands partis indiens, il est issu d’un mouvement néo-gandhien de protestation contre la corruption qui le propulse, en 2013, et à la surprise générale, à la tête de l’exécutif de New Delhi.
Arvind Kejriwal a réussi à se maintenir grâce à une campagne centrée sur l’amélioration de la vie quotidienne des classes populaires, l’accès à l’éducation, aux soins et à l’électricité. Les électeurs de New Delhi ont donc décidé de plébisciter la politique laïque et socialiste du gouvernement sortant.
Pourtant, Narendra Modi n’avait pas caché sa volonté de reconquérir la capitale, dans une campagne teintée d’un nationalisme exacerbé menée par tous les ténors du parti, dont le redoutable Amit Shah, architecte des victoires du BJP et ministre de l’Intérieur.
Les dirigeants du BJP ont joué sur la peur de l’insécurité, et s’en sont pris directement à Arvind Kejriwal, le chef du gouvernement régional sortant, l’accusant d’être un terroriste de mèche avec le Pakistan et de vouloir diviser le pays.
Ils s’en sont également pris aux adversaires d’une nouvelle loi sur la citoyenneté, jugée discriminatoire envers les musulmans. Mais les résultats escomptés n’auront pas été à la hauteur de leurs ambitions.
L’AAP espère maintenant que cette défaite du BJP aura un impact à l’échelle nationale mais rien n’est encore joué. Le parti de l’homme ordinaire n’a pas encore réussi à percer au niveau national, où les questions de castes, religions et patriotisme jouent un rôle bien plus important.