La justice américaine a révélé hier lundi avoir inculpé six agents du renseignement militaire russe pour des cyberattaques mondiales ayant notamment visé le parti d’Emmanuel Macron avant les élections françaises de 2017 et les Jeux olympiques de 2018 en Corée du Sud.
Selon l’acte d’accusation qui a été adopté jeudi, les pirates informatiques, âgés de 27 à 35 ans et qui sont donc recherchés par les autorités américaines, sont accusés d’avoir mené leurs opérations entre 2015 et 2019 depuis un bâtiment de l’armée surnommée « la Tour », à Moscou, « pour le bénéfice stratégique de la Russie ».
Lors d’une conférence de presse, le ministre adjoint de la Justice John Demers a déclaré que ces agents « sont accusés d’avoir mené la série d’attaques informatiques la plus destructrice et perturbante jamais attribuée à un seul groupe ». Leur premier fait d’armes aurait été une attaque contre le réseau électrique d’Ukraine, qui avait privé la population de chauffage en plein hiver.
Ils auraient ensuite soutenu une opération de piratage et de fuites dans les jours précédant les élections françaises de 2017 et mené, entre avril et mai, sept attaques qui ont visé plus de 100 personnes, pour la plupart membres du parti d’Emmanuel Macron, En Marche. Des milliers de documents internes de l’équipe du futur président, mélangés à des faux, avaient ensuite été diffusés sur Internet.
Les six Russes sont également soupçonnés d’avoir mené l’attaque mondiale au logiciel malveillant NotPetya, un « ransomware » qui, en juin 2017, avait contaminé des milliers d’ordinateurs à travers le monde, perturbant des infrastructures critiques, comme les contrôles sur le site de l’accident nucléaire de Tchernobyl et les ports de Bombay et d’Amsterdam. De nombreuses entités américaines, dont un réseau d’hôpitaux de Pennsylvane qui ont perdu près d’un milliard de dollars, figurent parmi ses victimes.
Aussi accusés d’attaques contre les ordinateurs de deux organismes qui enquêtaient sur l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal au Royaume-Uni en 2018, ils sont également soupçonnés d’avoir pris part en 2018 à des campagnes de hameçonnage contre les Jeux olympiques d’hiver en Corée du Sud, auxquels la délégation russe, accusée de dopage, n’avait pas pu participer. Ils auraient notamment perturbé la cérémonie d’ouverture des Jeux, en se faisant passer pour des hackeurs nord-coréens.