Dans un article publié lundi, le quotidien américain New York Times, qui a eu accès à des documents internes à la société, à des documents judiciaires, et a interviewé une quinzaine de salariés, actuels ou anciens, rapporte que la société américaine Apple a accepté de se plier aux exigences de la législation chinoise, sur l’hébergement des données personnelles et la censure des applications, pour continuer à commercialiser ses produits sur le marché de l’empire du milieu.
Pour se conformer à une loi votée en 2016 et entrée en vigueur en été 2017 qui stipule que toutes les données personnelles émises sur le territoire de la Chine, ne doivent pas circuler hors de ses frontières, Apple a lancé la construction d’un data center à Guiyang, dans la province de Guizhou, qui, selon le New York Times, serait géré au jour le jour non par Apple, mais une société contrôlée par la province de Guizhou, nommée Guizhou Cloud Big Data (GCBD).
Par ailleurs, depuis mai 2020, les informations stockées sur les serveurs chinois d’Apple appartiennent légalement à la GCBD, les deux ayant accès à l’ensemble des données stockées sur iCloud et pouvant se les partager.
Alors qu’Apple refusait systématiquement de répondre aux réquisitions des autorités chinoises, comme l’y obligeait la loi américaine, la société chinoise GCBD peut, elle, répondre aux demandes de coopération dans le cadre d’affaires policières et judiciaires. Elle a été sollicitée douze fois et a livré dans neuf cas, les informations demandées.
L’App Store chinois censurerait également les applications qui pourraient déplaire à Pékin, notamment celles comprenant des sujets sensibles comme la situation au Tibet, l’indépendance de Taïwan ou les évènements de Tiananmen.
Apple déclare avoir supprimé 1.217 applications de l’App Store chinois entre 2018 et 2020 après des saisines du pouvoir local, alors que le New York Times affirme que 55.000 applications ont disparu de l’App Store chinois depuis 2017, un chiffre contesté par Apple qui affirme que des développeurs retirent eux-mêmes leurs applications en Chine.