La colère des acteurs du secteur aérien en France n’est pas retombée depuis la signature cette semaine d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Qatar pour le transport aérien.
Incompréhensible, néfaste, les qualificatifs négatifs se succèdent pour désigner cet accord. Zaïnil Nizaraly, le secrétaire de la fédération transport chez FO (Force ouvrière), s’est notamment étonné du « déséquilibre » de l’accord, entre les trois millions d’habitants du Qatar et l’immense marché européen.
Entré en vigueur sans attendre la ratification interne des 27 Etats membres, l’accord prévoit une ouverture du ciel européen quasiment illimitée pour Qatar Airways. Si la réciproque s’applique logiquement, les syndicats français affirment qu’aucune compagnie européenne n’a intérêt à augmenter ses capacités au Qatar.
L’accord octroie en plus à Qatar Airways un accès au marché du fret, lequel a pris, depuis le début de la pandémie de Covid-19, une importance considérable pour les compagnies, passant d’environ 15% à 30% de leurs recettes, avec des « perspectives solides » selon l’IATA (Association internationale du transport aérien).
Les acteurs du secteur aérien en France craignent aussi une concurrence déloyale avec Qatar Airways, la compagnie étatique de l’émirat. Mais pour l’Union européenne, cet accord de libre-échange, le premier du genre avec un pays du Golfe, permettra de favoriser « une concurrence libre et non faussée », ainsi que davantage « de protection sociale et environnementale ».
L’accord comprend des clauses sur la concurrence loyale. Par exemple, Qatar Airways devra publier régulièrement ses comptes, selon des normes internationales, et ce afin d’éviter le versement d’aides illimitées de la part de l’émirat qatari qui créeraient une distorsion de concurrence. Un volet social est également prévu pour inciter Qatar Airways à améliorer son modèle, « très éloigné des standards européens ».