Comme bien d’autres villes turques, Antakya, anciennement appelée Antioche, est envahie par des réfugiés syriens. Ce qui commence à attiser une pression sociale de la part des autochtones.
Normalement, la Turquie, qui a ouvert ses frontières à plus de 80 000 syriens depuis le début du conflit, abrite ces réfugiés dans 9 camps situés dans la province d’Hatay et non éloignés de la Syrie, donc de ses limites territoriales. Mais, certains ont gagné le chef-lieu provincial, en l’occurrence Antioche, pour mieux vivre. Ce, non sans provoquer un certain rejet du sommet à la base : « nous ne voulons plus de ces soi-disant réfugiés… Ils louent des appartements en ville, où ils vivent parfois jusqu’à une vingtaine. Ils posent des problèmes à tout le monde », a estimé Malik Klig, maire d’une bourgade proche d’Antioche. Et, à Mehmet, un commerçant de la capitale provinciale de renchérir, « cette présence est de plus en plus visible, elle affecte toute la vie socio-économique ». Comme si cela ne suffisait pas, les organes de presse locaux font écho des rumeurs les plus alarmantes : les syriens sont ainsi accusés de violences, de viols et d’agressions. Des allégations réfutées par le chef de la police provinciale, Ragip Kilig, chiffres à l’appui : selon cette autorité, les réfugiés syriens auraient été impliqués dans 145 incidents. De ce fait, 330 d’entre eux ont été interpellés.
En dehors des diverses communautés religieuses (juive, maronite, catholique, orthodoxe et arménienne) qu’elle abrite, Antioche est peuplée par des musulmans majoritairement alaouites, de même que la famille du président syrien Bachar al-Assad. Ceux-ci sont chiites, un islam beaucoup moins stricte que celui pratiqué par bon nombre de réfugiés syriens, plutôt sunnites et conservateurs. Ces caractéristiques religieuses ne jouent pas en faveur de l’apaisement dans une ville longtemps considérée comme l’exemple de symbiose culturelle en Turquie.
C’est assez naturel: Antioche est à l’image de la Syrie laïque, une mosaïque de communautés qui cohabitent en harmonie. Or, aussi bien les islamistes sunnites de l’Armée Syrienne « Libre » que ceux de l’AKP turque, par hostilité aux chiites (et au rival iranien) cherchent à faire voler en éclat cette stabilité.