Le Maroc est à un tournant important de son histoire sociale. L’enjeu est de rééquilibrer son modèle de développement pour pourvoir de fondations solides la nouvelle puissance régionale que le royaume rêve d’être de manière durable, estime le magazine français Le Point.
Et s’il y a un rôle primordial à prendre en considération, c’est bien celui du souverain chérifien, le Roi Mohammed VI, en ses qualités conjuguées de Commandeur des croyants, gardien des valeurs fondamentales du royaume et de chef de l’État avec la haute main sur les secteurs stratégiques que sont l’Économie, les Affaires étrangères, la Défense et le dispositif sécuritaire.
Le Maroc a bien changé depuis 1999 et s’est avantageusement positionné sur la carte mondiale des chaînes de valeurs industrielles et commerciales, réintégré la grande famille de l’Union africaine, remporté d’importants succès diplomatiques, notamment à propos du Sahara dont la marocanité est désormais reconnue par les États-Unis et Israël, renforcé ses dispositifs de défense avec des partenariats solides et variés et fait montre de son efficacité en matière de renseignements et d’actions contre le terrorisme djihadiste. Cela en a fait un pays qui compte désormais sur la scène internationale.
Sur le plan interne, de nombreux programmes sociaux d’envergure se sont succédé avec l’ambition affichée de réduire les distorsions économiques induites par la croissance à marche forcée imposée par le chef de l’État. Ainsi, les réalisations économiques, majoritairement tirées par des investissements massifs dans les infrastructures, ont permis de faire reculer la grande pauvreté et faire émerger une classe moyenne de plus en plus dense.
Voilà qui a conduit le roi à déclarer en 2020, à l’occasion du 21eanniversaire de son accession au trône, que « le moment est venu de lancer, au cours des cinq prochaines années, le processus de généralisation de la couverture sociale au profit de tous les Marocains ».
De quoi déclencher un vrai « big bang social » avec l’élargissement de l’Assurance maladie obligatoire à 22 millions de nouveaux bénéficiaires, la généralisation des allocations familiales ciblant 7 millions d’enfants en âge d’être scolarisés, l’élargissement de l’assiette des adhérents aux régimes de retraite à 5 millions de personnes exerçant un emploi, enfin la généralisation de l’indemnité pour perte d’emploi d’ici à 2025.
Considérée comme l’une des réformes-totem du début de règne du roi Mohammed VI, la modernisation du statut de la femme marocaine en 2004 à travers la réforme dite de la Moudawana (le Code de la famille et du Statut personnel) est une étape fondamentale pour qui veut comprendre les nouveaux souffles qui traversent la société marocaine. Cet événement avait fait l’objet à l’époque d’un débat houleux entre conservateurs et progressistes dessinant avec précision des lignes de fractures autour de la conjugaison entre « tradition et modernité ».
Lors de son discours du Trône de 2022, le roi Mohammed VI a annoncé l’Acte II de la réforme de la Moudawana. Il avait particulièrement insisté sur la nécessité d’instaurer davantage d’égalité entre les femmes et les hommes. « Quand les femmes accèdent pleinement à leurs droits, elles ne portent aucun préjudice aux hommes, pas plus qu’elles ne se font tort. De fait, la condition sine qua non pour que le Maroc continue de progresser est qu’elles occupent la place qui leur échoit et qu’elles apportent leur concours efficient à toutes les filières de développement », avait-il indiqué, demandant une mise à jour des législations dédiées à la promotion de ces droits, rappelle le magazine français.