Le Mozambique fait face à une recrudescence dramatique des violences contre les enfants en contexte de conflit armé. Selon l’ONU, le pays a connu en 2024 une hausse de 525 % des violations graves contre les enfants, le deuxième taux le plus élevé au monde après le Liban.
L’ONG mozambicaine ROSC dénonce l’inaction de l’État face à cette situation alarmante. Sa directrice, Benilde Nhalivilo, souligne l’importance de la responsabilisation pour briser la culture de l’impunité et garantir justice aux victimes. Elle rappelle que les enfants sont aussi victimes de trafic, notamment d’enfants albinos, enlevés pour des crimes rituels.
Le conflit armé dans la province de Cabo Delgado, au nord du pays, est au cœur de cette crise. Depuis 2017, cette région riche en gaz est la cible d’attaques de groupes affiliés à l’État islamique. En 2024, ces violences ont causé au moins 349 morts.
Le rapport de l’ONU recense 954 violations graves contre 507 enfants : recrutements forcés (403), enlèvements (468), assassinats (32), mutilations (12). Certains enfants ont également été détenus par les forces de sécurité pour suspicion de liens avec des groupes armés.
Human Rights Watch dénonce l’utilisation d’enfants pour transporter du matériel volé, effectuer des travaux forcés, ou être mariés et enrôlés de force. L’organisation appelle les autorités mozambicaines à agir rapidement : prévenir les enlèvements, poursuivre les responsables, et garantir une prise en charge médicale et psychologique des enfants libérés.
ROSC insiste sur la nécessité de placer l’enfance au cœur des politiques publiques. Le pays reste un lieu de transit, de départ et de destination pour le trafic d’enfants. La faiblesse des services de protection, combinée à une normalisation croissante de la violence, laisse les enfants sans défense.
Sans action forte et immédiate, le Mozambique risque de sacrifier toute une génération, prise au piège d’un conflit qui ne cesse de s’intensifier.