La crise européenne aura à long termes beaucoup plus d’effets pervers que le simplement ralentissement économique. L’actuelle situation de l’intelligentsia espagnole en est une expression. En effet, depuis peu, les intellectuels espagnols émigrent petit à petit vers des zones où les réalités économiques sont moins sévères.
Alors que la science plus que jamais est en plein essor et l’innovation devient la principale vraie source croissance Madrid est entrain de perdre sa matière grise. Une enquête a révélé que plusieurs chercheurs espagnoles ont perdu leurs emplois après que le pays ait réduit de 39%, en trois ans seulement son budget sur la recherche. Pour les autorités, il ne s’agit pas d’un choix mais d’une obligation pour faire face à la crise. La part du budget ponctionnée a été réorientée vers des secteurs sociaux. La perte de scientifique d’expérience et de talent n’est pas le seul dommage que subit la communauté scientifiquement espagnole.
S’il est vrai que l’entretien des grands noms et du niveau de la recherche reste coûteux, le recrutement de nouvelle tête, future chercheur ne représente pas les mêmes frais. En rejetant des programmes de bourses d’excellence tels que la bourse Ramon Cajal, le pays s’ampute d’une relève qui lui permettrait de maintenir la barre en attendant des jours meilleurs. Un vieil adage dit que les malheurs des uns font le bonheur des autres. Les Etats Unis, dans une stratégie de veille continue, ont décidé de tirer partie de la situation et recrutent quelques talents parmi les espagnoles à bout de souffle.
Par ailleurs, certains pays africains affichent une santé économique plus robuste que l’Europe avec des croissances et des fonds souverains enviables. Il serait temps pour eux de penser à faire comme l’Amérique en proposant des meilleures conditions socio-financières à des scientifiques de talents prêt à apporter savoir et savoir-faire. Aussi, bien que l’enquête se soit limitée à l’Espagne, les analystes pensent que plusieurs pays européens connaîtraient le même problème. L’impact réel de cette fuite de matière première reste difficile à évaluer et chiffrer, mais à long terme ses effets se feront bien ressentir.