Les nouvelles tensions qui ont ressurgi entre l’Algérie et le Maroc avec en toile de fond l’incontournable dossier du Sahara occidental, remettent sur le devant de la scène la vieille brouille entre les deux frères-ennemis du Maghreb.
Le rappel mercredi par le Maroc de son ambassadeur à Alger vient attiser la tension entre les deux pays, dont les relations ne sont pas au mieux depuis la fermeture par l’Algérie des frontières avec son voisin en 1994. La raison de la nouvelle brouille a été provoquée par une singulière sortie du président Bouteflika, qui montre que le dossier du Sahara occidental est toujours le centre d’intérêt de la diplomatie algérienne. Dans un message adressé lundi à une conférence organisée à Abuja en appui au Polisario, le Front indépendantiste soutenu par l’Algérie, le président Bouteflika a exigé la mise en place d’un mécanisme international d’observation des droits de l’Homme au Sahara occidental. Un réquisitoire qui a exaspéré le Maroc, lequel a jugé que l’intrusion du président Bouteflika était déplacée pour deux raisons au moins.
D’un côté, Rabat estime que le message de Bouteflika est une preuve supplémentaire qu’Alger est le véritable instigateur du conflit du Sahara occidental. Pour les marocains, le Polisario n’est qu’une pâle façade incapable de survivre un seul jour sans le pouvoir algérien qui offre généreusement gîte, couvert et armements aux milices indépendantistes sahraouies. De l’autre côté, le Maroc juge que l’Algérie où le sort de 20.000 algériens enlevés durant la décennie noire de la guerre civile demeure toujours inconnu, n’est pas la mieux placée pour parler du respect des droits de l’Homme.
Plus prosaïquement, la question du Sahara occidental qui est traditionnellement utilisée par les militaires algériens comme moyen de pression sur le Maroc, semble s’inscrire actuellement dans un impérieux besoin de mobilisation intérieure en Algérie. Une large partie de l’opinion publique et même dans les rangs de la classe politique et de la hiérarchie militaire, on considère comme la dernière des absurdités la décision de Bouteflika de briguer un quatrième mandant successif en avril 2014. Le président vieillissant ne s’est pas encore remis de son AVC qui l’a maintenu paralysé pendant plusieurs mois dans un hôpital parisien cette année.
Et même si la télévision algérienne le montre épisodiquement cloué dans un fauteuil roulant avec quelques ministres, personne en Algérie ne s’attendait à ce que Bouteflika rempile pour un quatrième mandat. Face à cette levée de boucliers, le clan présidentiel n’a pas eu d’autre choix que de chercher à provoquer un large rassemblement autour du président, sur fond de dégradation des relations avec le voisin marocain. La question du Sahara occidental est alors tout indiquée.
Toutefois le plus inquiétant, c’est que cette recrudescence de la tension bilatérale s’accompagne par une dangereuse course aux armements entre les deux pays. L’Algérie qui se trouve dans une large aisance financière grâce à ses revenus pétroliers et gaziers, enchaîne les commandes militaires. La dernière en date a été annoncée par le journal algérien Le Soir d’Algérie, qui parle d’un imminent contrat de plus de 7 milliards de dollars pour l’achat de matériel militaire de dernière génération en provenance de la Russie.
Des experts comme cela, il y en a plein dans les troquets et dans les souks. Au fait, cet expert ne résidait-il pas au Maroc ?