Mardi, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan n’a eu d’autres recours que d’évoquer une nouvelle fois un complot ourdi contre lui, au lendemain de la diffusion sur Internet d’une conversation téléphonique le plaçant au cœur du scandale de corruption qui secoue son gouvernement.
L’enregistrement en question, daté du 17 décembre, rapporte la conversation entre un homme, présenté comme le Premier ministre, qui conseille à un autre, présenté comme son fils Bilal, de se débarrasser d’environ 41 millions de dollars US, quelques heures seulement après un coup de filet policier visant des dizaines de proches du régime.
De source indépendante, l’enregistrement, qui est le premier élément à mettre personnellement en cause le Premier ministre, n’a pas été authentifié. Mais cela ne l’a pas empêché de déclencher un raz-de-marée dans les réseaux sociaux et au sein de l’opposition. Les appels à la démission, notamment de la part des partis d’opposition CHP (Parti Républicain du Peuple) et MHP (Parti de l’Action Nationaliste), se sont succédé. Une enquête a été ouverte par le parquet d’Ankara et le dossier a été confié à la police spécialisée dans les systèmes informatiques.
Pour Recep Tayyip Erdogan, le complot est monté par la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen qui a longtemps été son allié. Très influente dans la police et la justice, l’organisation chercherait à instrumentaliser les enquêtes anticorruptions en cours pour déstabiliser son gouvernement avant les élections municipales du mois prochain et présidentielle prévue pour le mois d’août de cette année. Il a promis mardi devant les députés de son parti de la justice et du développement (AKP) de poursuivre devant la justice les auteurs de cette « mise en scène ».