Malgré la menace commune représentée par les djihadistes sunnites de l’Etat Islamique, l’Iran ne s’est pas allié aux Etats-Unis, une décision qui lui permet de garder les coudées franches pour mener sa politique hégémonique dans la région.
Au-delà de plusieurs autres considérations qui rendent la participation de l’Iran dans la coalition internationale mise en place par les Etats-Unis contre l’EI impossible, Téhéran se doit de conserver son autonomie et privilégier ses propres intérêts pour espérer un jour devenir le maître du jeu moyen-oriental.
Les pièces maîtresses de cette lutte d’influence sont la Syrie et l’Irak où la République islamique a depuis longtemps placé ses pions, à savoir des conseillers militaires membres de la force Qods, le corps d’élite des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime. La politique iranienne vise à entretenir des poches de miliciens chiites, d’établir et d’entretenir des régimes vassalisés à travers une région majoritairement arabe et sunnite et aboutir à ce qui est appelé un arc chiite qui s’étendrait jusqu’à la Méditerranée, reliant Téhéran, Bagdad, Damas et Beyrouth où l’influence du Hezbbollah chiite est de plus en plus perceptible.
Mais la poursuite de ses propres intérêts ne suffit pas à expliquer l’absence de l’Iran de la coalition internationale mise sur pied pour lutter contre l’Etat Islamique qui contrôle environ un quart de la Syrie et un quart de l’Irak. Washington estime que le soutien militaire de Téhéran à Damas rend impensable une participation de l’Iran à cette coalition. Tout comme est inconcevable le fait de voir les deux grands rivaux que sont l’Iran et l’Arabie saoudite lutter côte à côte contre un ennemi commun. De même qu’il est particulièrement difficile pour l’Iran de s’allier à son ennemi américain de longue date.