Actuellement, un millier d’enfants issus de la communauté apatride des « Bidoun » n’ont plus accès à l’école au Koweït. Raison pour laquelle leurs parents manifestent dans la capitale depuis déjà plusieurs semaines.
Bien qu’ils soient nés et aient résidé depuis belle lurette sur le territoire koweitien, les « Bidoun » ne disposent toujours pas de cette nationalité. Pire, les autorités du pays considèrent ce groupe de 110 000 personnes comme des étrangers en situation administrative irrégulière. En fait, selon la législation en vigueur, ils jouissent d’un statut particulier qui n’est pas celui de citoyen ni celui d’étranger. Du coup, les « Bidoun » ne jouissent pas de droits sociaux, politiques et économiques. Sur cette base, les enfants de cette communauté ne sont normalement pas autorisés à accéder aux écoles publiques et, par ricochet, à profiter de leur gratuité. Toutefois, ils ont la possibilité d’aller dans des écoles privées, dont leurs parents prennent en charge les frais à hauteur de 30 %. Le reliquat est normalement couvert par une caisse publique d’aide aux « Bidoun ».
Néanmoins, depuis la dernière rentrée scolaire, les autorités koweitiennes ont refusé d’admettre un millier d’enfants de cette communauté. Pour cause, leurs parents auraient acquis de faux passeports d’autres pays. En fait, le gouvernement koweitien avait encouragé, au cours des années 90, les « Bidoun » à acquérir d’autres nationalités, dans le but de jouir du statut d’expatrié sur le territoire koweitien. A l’époque, beaucoup de ressortissants de cette communauté avaient acquis des passeports contrefaits, qui faisaient alors l’objet d’un véritable commerce. En conséquence, l’Etat koweitien a paradoxalement commencé à refuser de délivrer des attestations de naissance pour les enfants « Bidoun » interdits de scolarisation.
Cette situation a suscité diverses réactions en particulier celle de l’association des enseignants koweitiens qui a lancé l’initiative « Katateeb Al Bidoun » (« école des Bidoun »), visant à dispenser bénévolement des cours à ces enfants. En parallèle, des manifestations appelant à leur réintégration sont organisées quasiment chaque jour devant le ministère de l’Education. Tout récemment, le Koweït avait proposé la nationalité comorienne aux « Bidoun », ce que les représentants de cette communauté avaient rejeté.