La radio publique indienne All India Radio a signé ce mois-ci un contrat pour promouvoir un système qui permet aux cent millions d’aborigènes indiens qui vivent dans l’isolement et la misère de faire entendre leur voix.
Ce système, imaginé en 2010, a été conçu par Shubhranshu Choudhary, un ancien journaliste de la BBC dans les années 1990. Les Adivasis, désignation des aborigènes indiens, ont la possibilité d’enregistrer un message de trois minutes maximum en langue gondi, leur langue maternelle, depuis un téléphone portable en appelant un numéro spécial. Le message est ensuite vérifié par des modérateurs et, en cas d’approbation, mis en ligne sur Internet, traduit en anglais et en hindi, relayé sur des sites sociaux et rendu accessible en message audio par téléphone. Le contrat conclu ce mois avec All India Radio permet une diffusion nationale de ces messages. Pour les Adivasis, cette plateforme est une opportunité de visibilité que beaucoup n’ont pas hésité à saisir. Ils y lancent des alertes sur leurs problèmes dont les plus importants sont la terre et la propriété, la corruption et l’absentéisme des fonctionnaires, les salaires impayés, les pompes à eau ou encore les routes non construites. A la fin du message, ils indiquent le numéro de téléphone de la personne mise en cause, qui est la plupart du temps le percepteur local.
Bien qu’il ne se trouve encore que dans une phase expérimentale, ce système obtient déjà des résultats probants. 100 à 150 appels sont enregistrés chaque jour. De partout en Inde, des personnes solidaires appellent les responsables mises en cause par les Adivasis dans leurs appels pour faire pression. Mais le taux de réussite est encore très faible. Pour 100 à 150 appels reçus chaque jour, seuls une dizaine sont publiés dépendamment de la qualité auditive des appels ou des vérifications des allégations par les équipes en place. Et sur les dix messages publiés, un seul en moyenne est résolu.