Le gouvernement indien multiplie ces dernières semaines les initiatives contre les Organisations Non Gouvernementales. Officiellement pour protéger les intérêts du pays, ces initiatives sont interprétées par beaucoup comme le signe de la nervosité des autorités indiennes face aux critiques de la société civile.
La dernière de ces initiatives a été la décision de mettre sous surveillance la Fondation Ford, la célèbre organisation philanthropique américaine. Toutes les activités de l’ONG en Inde vont être passées à la loupe et la Banque centrale ne va désormais plus autoriser le moindre versement de la Fondation à une association locale sans autorisation expresse du ministère de l’Intérieur. Peu avant la Fondation Ford, c’est Greenpeace India qui avait souffert de l’attention des autorités indiennes. Celles-ci avaient décidé de suspendre la licence qui permettait à l’ONG de recevoir des fonds de l’étranger et de bloquer tous ses comptes en banque. Greenpeace se donne encore un mois pour quitter le pays si ces comptes ne sont pas débloqués. De manière plus générale, le gouvernement indien a annulé les licences de près de 9 000 ONG qui leur permettaient de recevoir des fonds de l’étranger.
Le gouvernement indien justifie ces mesures en accusant les ONG d’utiliser des fonds étrangers pour nuire au pays. Il est vrai qu’une ONG du Gujarat financée par la Fondation Ford a mis en cause le rôle de Modi dans les émeutes communautaires qui ont fait de nombreuses victimes dans cet Etat en 2002 quand il était ministre en chef. Mais les faits sont que depuis son arrivée au pouvoir il y a onze mois, le Premier ministre indien Narendra Modi a considérablement réduit la portée des législations protégeant l’environnement pour faciliter l’industrialisation et le développement économique, ce qui a provoqué une levée des boucliers de plusieurs ONG.