Depuis le mois d’avril, la Corée du Sud a adopté une nouvelle loi qui instaure le versement de dédommagements allant jusqu’à 71 000 euros aux blessés et aux familles des morts, victimes de mines antipersonnel, héritage douloureux et dangereux de la guerre de Corée et de la Guerre froide.
Quoique moins alarmantes qu’au Laos ou au Cambodge où elles font des centaines de morts ou de blessés chaque année, les mines antipersonnel ont marqué et continue de marquer la Corée du Sud. D’après les estimations de l’Association de partage de la paix, une coalition de groupes civiques qui luttent contre les mines, au moins 1 000 personnes ont été tuées ou mutilées ces dernières décennies et une trentaine de cas ont été recensés depuis 2005.
Mais aucune donnée sur le nombre précis de victimes n’a jamais été officiellement communiquée. La plupart de ces victimes sont des paysans pauvres, des enfants ou des villageois et pendant longtemps se sont retrouvés livrées à elles-mêmes sans que leurs souffrances ne soient reconnues. Les associations estiment que ces victimes étaient assimilées aux dégâts collatéraux inhérents au renforcement de la frontière, lequel était justifié par l’agressivité de la Corée du Nord.
Plus de 800 000 et plus d’un million, voilà les estimations respectives de l’armée sud-coréenne et des militants du nombre de mines disséminées à la frontière avec la Corée du Nord durant la guerre qui a opposé les deux pays entre 1950 et 1953 et dans les années qui ont suivi pour prévenir les infiltrations venues du Nord. Ces mesures ont été justifiées des années plus tard par de sombres épisodes de la guerre froide comme la crise des missiles cubains en 1962 suivie en 1968 de l’infiltration en Corée du Sud de commandos nord-coréens qui voulaient assassiner le président Park Chung-Hee. Larguées en grande partie par avion, il n’existe aucun marquage de leurs positions.