Amnesty International a signé, la semaine dernière, un rapport portant sur les violences dans la région du Darfour au Soudan. Selon les investigations de l’organisation de défense des droits de l’homme, du matériel militaire chinois et russe auraient été mis à contribution dans le conflit ; ce, malgré l’embargo dont fait l’objet le pays d’Afrique de l’Est.
« La Chine et la Russie vendent des armes au gouvernement du Soudan tout en sachant qu’une bonne partie sera de toute vraisemblance utilisée pour commettre des violations des droits de l’homme au Darfour ». Des propos de Brian Wood, responsable des recherches sur le contrôle des armes à Amnesty International.
Concernant les violations, le rapport comprend « des attaques ciblées contre des populations civiles, commises pour des motifs ethniques, et des bombardements aériens sans discernement ayant contribué au déplacement de quelque 70 000 personnes de leurs foyers et villages ». D’après certains témoignages, des cartouches de balles gravées de codes chinois ont été retrouvées au Darfour après 2004, date du début de l’embargo sur les armes au Soudan. Cela indiquait leur transfert aux autorités de tutelle. De même, entre 2007 et 2009, le Soudan s’est procuré 36 hélicoptères de chasse de type Mi-24 provenant de Moscou. Le rapport confirme que ce lot a servi à en remplacer d’autres perdus lors des combats. Pourtant, les Mi-24 ont, notamment, servi à des attaques aériennes sur des cibles, entre autres, civiles au Darfour.
Ironie du sort, la Chine et la Russie siègent en tant que membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies. De par cette qualité, les deux pays jouissent d’un droit de véto. Or, l’organe onusien doit revoir les sanctions infligées au Soudan au courant de cette semaine. Alors, entre droits de l’homme et intérêts commerciaux, qui l’emportera ? Vraisemblablement, ce sera aux deux puissances émergentes d’en décider.