Russie : L’historien russe Iouri Dmitriev condamné en appel à 13 ans de prison pour abus sexuels

L’historien russe du goulag, Iouri Dmitriev qui attendait d’être libéré dans les prochains mois, a été condamné en Appel à 13 ans de prison ferme pour des abus sexuels sur sa fille adoptive.

Cette sentence a suscité la consternation chez les ONG de défense des droits de l’homme qui ont pris fait et cause pour l’historien et dénoncé un procès politique.

Iouri Dmitriev a été arrêté en 2016 sous l’accusation de pédopornographie pour des photographies de sa fille adoptive alors qu’il assurait que ces photos de la fillette nue étaient destinées à suivre sa croissance. La Cour suprême de Carélie a donné raison au parquet, qui réclamait une peine de prison bien plus lourde que celle prononcée en juillet, il y a deux mois.

Iouri Dmitriev, qui a purgé l’essentiel de sa peine en détention préventive et devait sortir de prison en novembre prochain, a toujours nié les faits qui lui sont reprochés et est soutenu depuis le début de ses déboires judiciaires par l’Organisation Non Gouvernementale Memorial qui affirme que Dmitriev est victime d’un procès politique, et a l’intention de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Son premier procès était l’un des plus importants de ces dernières années en Russie. Il s’était achevé, de manière peu lisible, avec un verdict étonnamment clément au regard de la gravité des faits reprochés au prévenu, alors que le procureur avait réclamé quinze ans de détention.

Nombre de ses partisans avaient vu dans cette décision un acquittement qui ne disait pas son nom, confirmant dans leurs positions ceux qui dénonçaient des poursuites fantaisistes et motivées politiquement. Memorial est elle-même harcelée par les autorités russes, qui la considèrent comme «un agent étranger».

Agé de 64 ans, Iouri Dmitriev est considéré comme l’un des plus grands spécialistes russes du goulag et de la répression à l’époque stalienne. Ses recherches ont notamment permis la découverte du site de Sandakhmor, où furent exécutées plusieurs milliers de personnes à l’époque de l’Union Soviétique (URSS).

Andreï Touabovitch