Egypte : l’aide militaire américaine entre le bâton et la carotte

Small-diameter bomb makes Strike Eagle squadron more lethalPrès d’une semaine après le coup de force de l’armée égyptienne contre le président élu Mohammed Morsi, Washington est toujours réticent à utiliser le terme « coup d’Etat » dans le but de conserver une certaine influence sur le déroulement des évènements dans le pays.

Un article de la loi budgétaire qui est régulièrement reconduit depuis 1985 stipule qu' »aucun des fonds ne peut servir à financer directement une aide au gouvernement d’un pays où le chef de gouvernement dûment élu est déposé par un coup d’Etat militaire ». Dans son intervention qui avait suivi le coup de force en Egypte, Barack Obama s’était contenté de déclarer que son gouvernement allait « examiner les implications légales concernant l’aide américaine au gouvernement égyptien ». Cette prudence est partagée par la plupart des élus américains, démocrates comme républicains, qu’ils soient du Congrès ou de la Chambre des Représentants. Cette prudence laisse du temps aux deux partis pour établir une feuille de route et un calendrier selon les intentions de l’armée. La défense des intérêts vitaux de sécurité nationale américaine, comme la sécurité du canal de Suez, semble prévaloir sur les considérations démocratiques. L’Egypte dispose d’un bref sursis puisque le Congrès ne devrait se prononcer qu’après l’été sur le montant de l’aide américaine pour l’année budgétaire 2014 qui doit commencer le 1er octobre.

L’aide militaire de Washington à l’armée égyptienne est depuis longtemps son moyen d’influence le plus efficace. Cette année, cette aide militaire est estimée à 1.3 milliard de dollars et couvre 80% des achats d’équipements par l’armée égyptienne. Cette aide consiste concrètement en un financement de contrats sur plusieurs années auprès de fabricants américains, surtout de chars et d’avions de chasse. Plus de 220 chasseurs F-16 ont ainsi été livré à l’Egypte en un peu plus de 30 ans. Il est alors tout à fait possible pour l’administration américaine bloquer les livraisons malgré les risques que cette décision pourrait comporter des milliers d’emplois aux Etats-Unis.

Francis Shwarz

Francis Shwarz

ancien Senior Consultant spécialisé dans les questions de stratégie économique au sein de la société Boston Consulting Group (BCG), et ancien manager au sein du groupe spécialisé dans les services pétroliers Schlumberger. en savoir plus

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