Rapport: Le Polisario au cœur du trafic d’armes pour les groupes djihadistes au Sahel

La prolifération de la violence terroriste au Sahel et ses prolongements européens suscitent de plus en plus d’inquiétude dans les milieux sécuritaires en Europe, où un rapport européen vient de révéler des réseaux de trafic d’armes dans la zone sahélo-saharienne, alimentés par le front Polisario en connexion avec plusieurs groupes djihadistes.

Intitulé «Marchés illicites et acquisition d’armes à feu par les réseaux terroristes en Europe», le rapport a été financé par la Commission européenne. Il a été élaboré par des experts en armes de plusieurs pays occidentaux et par l’Institut flamand pour la Paix.

Il existe un lien direct entre l’expansion sans précédent du trafic des armes au Sahel et le chaos politique et sécuritaire qui prévaut en Libye depuis la chute du régime Kadhafi en 2011, explique ce rapport, qui s’inscrit dans le cadre d’une série de recherches internationales sur l’accès des terroristes au marché noir des armes, baptisée « Project Safte».

A la déflagration libyenne se sont ajoutés l’incapacité des forces armées de plusieurs pays voisins de contrôler leurs frontières, à cause du vaste espace désertique du Sahara et du Sahel, et de la perméabilité traditionnelle de ces frontières.

Cette brèche a permis l’essor de puissants réseaux de trafiquants d’armes à partir de l’arsenal libyen. Le Polisario, le groupe séparatiste soutenu par l’Algérie contre le Maroc au Sahara, en a profité pour s’approvisionner à volonté, ce qui fait qu’il dispose à présent d’un «excédent d’armement», explique le rapport.

Aujourd’hui, «le Polisario dispose désormais de suffisamment d’armes pour en vendre et approvisionner le marché régional», où des groupes djihadistes comme le MUJAO, Ansar Dine et, plus récemment, le GSIM (Groupe pour le Soutien de l’Islam et des Musulmans) ont multiplié les attaques terroristes.

Selon l’avis des experts cités par le rapport, «certaines de ces armes finiront également dans l’Union européenne » comme en 2015, lorsque Europol a révélé que des armes provenant des conflits en Libye, en Syrie et au Mali étaient disponibles sur le marché noir en Europe.

Andreï Touabovitch