Il aura fallu un quart de siècle pour qu’un Premier ministre indien se rende en Birmanie. C’est chose faite avec la visite de Manmohan Singh, accueilli dimanche dernier à son arrivée par le Président Thein Sein.
Même si l’Inde ne le dit pas tout haut, ce rapprochement n’a pas d’autres objectifs que de concurrencer la Chine, déjà bien assise en Birmanie. Pour preuve, Pékin et Naypyidaw ont atteint 4,4 milliards de dollars américains d’échanges commerciaux en 2010. Quant à l’Inde, son commerce avec la Birmanie n’a guère dépassé 1,2 milliard de dollars américains la même année, soit près de 4 fois moins que l’Empire du Milieu. En outre, selon des statistiques révélées par IHS Global Insight, la Chine domine les investissements étrangers en Birmanie avec 8,3 milliards de dollars américains. Un domaine dans lequel l’Inde, qui arrive seulement en 13è position avec 189 millions de dollars américains, est, à nouveau, surclassé. Et, vraisemblablement, New Delhi est déterminé à y remédier. Ainsi, M. Singh, qui était accompagné d’une forte délégation de businessmen indiens, a signé une douzaine d’accords avec la Birmanie. Ceux-ci s’ajoutent aux projets déjà en cours, dont la construction d’un port à Sittwe (nord ouest de la Birmanie). Mis à part le domaine énergétique (pétrole et gaz), prépondérant pour New Delhi, les deux pays se sont engagés dans le commerce, les investissements, le transport, la sécurité et le développement des frontières communes.
Ce dernier aspect pouvait difficilement ne pas faire l’objet d’un accord. Car, la Birmanie et l’Inde partagent une vaste frontière commune. D’ailleurs, sous l’égide du colon britannique, le premier Etat était une province indienne. Ainsi, les deux pays sont également liés par le bouddhisme, religion qu’ils ont vu se développer.