En Algérie, la rue a remis la pression mercredi sur le pouvoir, avec de nouvelles manifestations rejetant la nomination, la veille, de Abdelkader Bensalah en tant que président intérimaire pour 90 jours, alors que le chef de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, scrute avec appréhension la journée du vendredi, jour des grandes manifestations contre le régime depuis sept semaines.
Quelques milliers de manifestants se sont rassemblés mercredi près de la Grande poste, haut lieu des protestations depuis le 22 février qui avaient abouti à la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika et qui menacent d’emporter « tout le système », comme le revendique la rue.
Mardi, la colère populaire était montée d’un cran contre la nomination de Abdelkader Bensalah considéré par la rue comme un pilier du régime honni. Les unités anti-émeutes ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eaux contre les manifestants, pour la plupart des étudiants.
Anticipant la forte mobilisation populaire du vendredi 12 avril, l’homme fort du régime, le général Gaïd Salah, a tenu à marquer son territoire. Il a affirmé mercredi, dans un communiqué du ministère de la Défense, que « la préparation des élections présidentielles se fera avec l’accompagnement » de l’armée, « qui veillera au suivi de cette phase ».
Le général Gaïd Salah a également brandi la menace « de la part de certaines parties étrangères (…) de mettre à exécution leurs desseins visant à déstabiliser le pays ».
Plusieurs observateurs estiment que ces mises en garde tout autant que l’expulsion, mardi, du directeur de l’Agence France-Presse (AFP) à Alger, préfigurent un durcissement du général face aux manifestants qui promettent un vendredi « décisif » contre le régime.