La chambre basse du Parlement de l’Inde a adopté lundi soir, un projet de loi qui va permettre à ceux qui ont fui l’Afghanistan, le Pakistan et le Bangladesh et qui résident en Inde depuis au moins cinq ans, d’acquérir la citoyenneté.
Le projet de loi adopté à une très large majorité de 311 voix contre 80, amende la loi sur la nationalité de 1955, sur une base ethnique et religieuse. Peuvent bénéficier de cette nouvelle disposition, les minorités persécutées dans les trois pays, à savoir les réfugiés hindous, sikh, bouddhistes, jains, parsis et chrétiens alors que les gens de confession musulmane sont exclus.
Mais l’opposition dénonce une mesure inconstitutionnelle et islamophobe, contraire à la laïcité de l’Inde. Ce projet de loi a entraîné des protestations dans les Etats indiens du nord-est, où les habitants craignent un afflux massif de réfugiés hindous venant du Bangladesh voisin. Cette loi ne devrait donc pas apaiser les tensions intercommunautaires dans la région.
Depuis son triomphe électoral en mai, le Premier ministre indien Narendra Modi et le BJP, son parti ultranationaliste, assument pleinement la mise en œuvre de l’idéologie de l’hindouité, selon laquelle l’Inde appartient aux hindous, et non pas aux quelques 200 millions d’Indiens musulmans, qui représentent 15% de la population.
Le gouvernement a multiplié les gestes perçus comme anti-musulmans. Plusieurs villes dont le nom était perçu comme musulman ont été renommées et des manuels scolaires ont été modifiés pour atténuer la contribution des musulmans à l’histoire du pays.
Le 5 août dernier, le gouvernement Modi a privé cette région de l’Himalaya, à majorité musulmane et voisine du Pakistan, de l’autonomie dont elle jouissant depuis l’indépendance de l’Inde.
Le 9 novembre dernier, la Cour suprême a autorisé la construction d’un temple sur les ruines de la mosquée d’Ayodihya, détruite en 1992 par des nationalistes hindous, dans le nord du pays. A l’époque, des émeutes avaient fait au moins 2.000 morts dans toute l’Inde.