Les Etats-Unis ont annoncé hier mardi qu’ils levaient pour un an un embargo vieux de plus de trente ans sur les ventes d’équipement militaire « non létal » à Chypre. Cette décision, prise sur fond de différends territoriaux entre Ankara et Athènes sur des fonds marins riches en gisements gaziers, a suscité la colère de la Turquie.
Selon le communiqué du département d’Etat, « les restrictions sur l’exportation, la réexportation, le retransfert et l’importation temporaire d’articles de défense non létaux et de services de défense seront levées temporairement pour l’année budgétaire 2021 ».
Cet embargo avait été imposé par les Etats-Unis en 1987 dans l’espoir d’encourager une réunification de l’île, dont le nord est occupé par la Turquie depuis son invasion en 1974. Mais contrairement aux attentes, la mesure avait plutôt encouragé le gouvernement chypriote à s’allier à d’autres partenaires, sans mettre fin à la division de Chypre.
Avec cette décision, les Etats-Unis entendent prouver l’importance qu’ils accordent à leur relation avec Chypre, que le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a présenté dans un tweet comme un partenaire clé de l’Amérique en Méditerranée orientale. Il avait déjà annoncé en juillet un renforcement de la coopération de Défense avec Chypre, sous la forme de financement pour la formation militaire.
Bien que Mike Pompeo ait réaffirmé le soutien américain à « une solution globale pour réunifier l’île au sein d’une fédération », Ankara a estimé que la décision américaine ignore l’égalité et l’équilibre entre les deux peuples de l’île et va avoir un impact négatif sur les efforts visant à apporter une solution à la question chypriote.
Le ministère turc des Affaires étrangères a vivement condamné la levée partielle de l’embargo. Les autorités turques ont assuré que si les Etats-Unis, qui sont leurs alliés au sein de l’OTAN, ne réexaminaient pas cette décision, des mesures équivalentes seraient prises, en référence à l’embargo appliqué aux Chypriotes turcs.
Chypre a été divisée en 1974 à la suite d’une invasion turque qui, à son tour, a suivi un coup d’Etat d’inspiration grecque. La partie nord-est de l’île a depuis été contrôlée par une entité séparatiste se faisant appeler la République turque de Chypre du Nord, qui n’est reconnue que par Ankara.