Les autorités russes poursuivent la dissolution de l’ONG Memorial

Un tribunal de Moscou a ordonné hier mercredi, la dissolution de la branche consacrée aux droits humains de l’ONG Memorial, au lendemain de l’interdiction de la structure mère de cette organisation.

Le Centre de défense des droits humains de Memorial, entité juridique distincte de celle dissoute mardi, est accusé d’avoir enfreint une loi controversée sur les «agents de l’étranger» en ne mentionnant pas cette qualification dans certaines publications et d’avoir fait l’apologie du «terrorisme et de l’extrémisme» en publiant une liste de noms de prisonniers contenant ceux de membres de groupes religieux ou politiques interdits en Russie.

Mardi, ce sont Memorial International et ses antennes régionales qui étaient dissoutes par la Cour suprême de Russie, une décision vivement critiquée par les Nations unies et dont la Cour européenne des droits de l’homme, à laquelle est théoriquement soumise la Russie en qualité de membre du Conseil de l’Europe, a demandé la suspension le temps d’étudier une procédure d’urgence envoyée par l’ONG à la Cour.

Fondée en 1989 par des dissidents soviétiques, dont le Prix Nobel de la paix Andreï Sakharov, Memorial s’était donné pour mission de faire la lumière sur le goulag et les crimes de l’Union soviétique, avant de s’engager après la fin de l’URSS dans la défense des droits humains. Les partisans de l’ONG considèrent que le pouvoir russe veut supprimer Memorial pour passer sous silence l’histoire des répressions soviétiques.

Beaucoup de partisans dénoncent un renforcement de la répression des voix critiques du Kremlin. Cette année a été notamment marquée par l’emprisonnement du principal adversaire du Kremlin, Alexeï Navalny, puis l’interdiction de son mouvement accusé d’«extrémisme», mais aussi la désignation de nombreuses ONG, médias indépendants ou simples individus comme «agents de l’étranger».

Cette qualification contraint les personnes ou entités visées à se soumettre à de fastidieuses démarches administratives et à mentionner ce statut dans chacune de leurs publications, ce qui était le cas pour le Centre de défense des droits humains de Memorial depuis 2013.

Andreï Touabovitch