Sous le titre peu flatteur de « régime pourri en Algérie », le magazine britannique The Economist dresse un tableau sombre de la situation dans le pays, résumée en deux mots dans le lexique local : hogra et haraga, qui traduisent le malaise des Algériens, opprimés par un sentiment d’humiliation et un déni de dignité, avec un nombre croissant de jeunes cherchant à émigrer illégalement pour une vie meilleure à l’étranger.
Dans un article très critique sur la situation économique, politique et sociale en Algérie, le célèbre magazine britannique affirme qu’en dehors du gaz et du pétrole, l’économie est lamentable et la plus grande compagnie pétrolière, Sonatrach, est un mastodonte mal géré, au moment où la population « surtout les jeunes, sont malheureux, frustrés et craignent l’autorité ».
Il est vite devenu clair que le nouveau régime d’Abdelmadjid Tebboune est à peu près le même que celui de son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika, et qu’il n’a été sauvé que par l’apparition du covid-19 en 2020, qui a fait s’effondrer le mouvement contestataire du Hirak, et par la flambée des prix du gaz et du pétrole qui permettent à l’État de subventionner les aliments de base, l’électricité, l’huile de cuisine, l’essence et le logement, selon The Economist.
Les lois adoptées en 2019 qui étaient censées ouvrir l’investissement aux étrangers n’ont pas convaincu les investisseurs, car la plupart des hommes d’affaires étrangers restent déconcertés par les nouvelles lois.
« Les banques occidentales et le FMI, considérés avec suspicion dans les milieux officiels algériens, restent prudents face aux enchevêtrements. Les obstacles bureaucratiques, l’incompétence flagrante et l’attitude hostile envers les capitaux étrangers, notamment français et américains, dissuadent toujours les étrangers », détaille The Economist.
Le magazine note également une constante dans les médias officiels algériens, qui sont, dit-il, « d’une virulence obsessionnelle envers le Maroc voisin, d’autant plus que le vent diplomatique pourrait se retourner contre l’Algérie dans sa campagne pour obtenir l’indépendance du Sahara ».
Pour le magazine britannique, «la réalité est que l’économie et la politique de l’Algérie sont à la fois sclérosées, son leadership répressif mais faible, son rôle en Afrique et dans le monde arabe égocentrique mais non reconnu». Ceci, alors que «les masses qui ont soutenu le Hirak n’ont pas disparu. Si les prix du gaz et du pétrole chutent, on voit mal comment ce régime opaque mais pourri, pourrait survivre».